Lors de la « mère de toutes les manifestations » à Caracas, mercredi 19 avril 2017. | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Un manifestant de 17 ans blessé par balle a succombé à ses blessures mercredi 19 avril à Caracas, la capitale vénézuélienne qui voit la contestation antigouvernementale s’étendre. Il avait été touché par des tirs d’inconnus circulant à moto qui ont aussi lancé des grenades lacrymogènes sur une manifestation d’opposants, selon le directeur de la clinique où il avait été transporté.

Des milliers d’adversaires et de partisans du président socialiste, Nicolas Maduro, défilaient mercredi dans les rues de Caracas dans un contexte d’aggravation de la crise politique et économique. L’opposition, dont c’est le sixième rassemblement depuis le début d’avril, a promis qu’il s’agirait de « la mère de toutes les manifestations », pour exiger des élections anticipées et le respect du Parlement, la seule institution qu’elle contrôle.

Les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) étaient toutefois empêchés d’entrer dans le centre de la capitale, où défilaient les partisans de Nicolas Maduro.

En trois semaines, la vague de manifestations a fait cinq morts et des dizaines de blessés. L’opposition dénonce la répression de la part des forces de l’ordre, qui ont arrêté plus de 200 personnes.

Une vingtaine de stations de métro et de nombreux commerces de Caracas étaient fermés pendant que militaires et policiers bloquaient le passage des antichavistes sur les principales voies d’accès à la capitale.

Au cours des précédentes actions de protestation, ce sont justement les opérations des forces de l’ordre pour repousser, à l’aide de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, les manifestants, lesquels répliquaient avec des pierres et des cocktails molotov, qui avaient dégénéré en violences.

Pression internationale

Mardi soir, Nicolas Maduro a par ailleurs activé un plan de défense policier et militaire pour « déjouer le coup d’Etat » fomenté, selon lui, par les Etats-Unis. L’opposition a immédiatement dénoncé une tentative d’« intimidation » des manifestants.

Il réagissait ainsi à la pression internationale qui s’est accrue ces derniers jours : onze pays latino-américains ont demandé à Caracas de « garantir » le droit de protester pacifiquement, tandis que Washington a mis en garde les fonctionnaires publics contre toute mesure de répression.

Cette vague d’actions de protestation a commencé le 1er avril après la décision de la Cour suprême, considérée comme proche de Maduro, de s’arroger les prérogatives du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l’a poussée à faire machine arrière quarante-huit heures plus tard.

L’opposition a dénoncé une tentative de coup d’Etat mais, paradoxalement, cet épisode lui a aussi donné un nouveau souffle, l’amenant à dépasser ses divisions intestines et a relancé la mobilisation populaire à ses côtés, qui s’était assoupie ces derniers mois.