Alors que les gardes à vue de deux Français soupçonnés de préparer un attentat visant la campagne présidentielle se poursuivent dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, les liens avec la « mouvance djihadiste belge » de Clément B., arrêté mardi 18 avril à Marseille, sont confirmés par le parquet fédéral belge. Celui-ci semble toutefois nuancer l’importance de ces liens, évoqués par le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse mardi soir.

Selon le parquet fédéral, les autorités judiciaires belges et la police fédérale de Liège ont collaboré avec les enquêteurs français en vue des interpellations de Clément B. et Mahiédine M. effectuées mardi après plusieurs jours de traque. Après sa libération de la prison de Sequedin (Nord), en mars 2015, où il purgeait une peine pour usage de faux documents, Clément B. est passé par la Belgique, où il entretenait depuis plusieurs années des contacts avec les membres d’une mouvance radicale d’origine tchétchène. Un prédicateur, actif au sein de l’importante communauté tchétchène de Verviers, dans l’est du pays, aurait favorisé sa radicalisation. C’est aussi au contact de la communauté tchétchène qu’il s’était converti à l’islam à l’âge de 14 ans, à Nice.

Plusieurs fausses identités tchétchènes

Clément B. s’était domicilié à Verviers en 2011 et 2013. A chaque fois, il avait été radié des listes de la population, car il restait introuvable pour la police. Il aurait également été domicilié à Anvers. Lors de son arrestation à bord d’un TGV, en 2015, le jeune homme utilisait plusieurs fausses identités tchétchènes, dont celle d’Ismaïl Djabrailov, un combattant islamiste qui a également vécu à Verviers.

C’est là, encore, qu’a résidé le Belge d’origine tchétchène Lors Doukaev, interpellé en septembre 2010 au Danemark alors qu’il préparait un attentat contre le quotidien Jyllands-Posten, qui avait publié des caricatures de Mahomet. Un tribunal de Copenhague a condamné cet ancien boxeur à douze années de détention, qu’il purge désormais en Belgique.

Aucune trace du suspect depuis la fin de 2015

Le parquet fédéral était à la recherche de Clément B. après que sa famille avait signalé son éventuel départ pour la Syrie. Il aurait toutefois totalement perdu la trace du suspect depuis la fin de l’année 2015. Les responsables belges soulignent qu’aucun fait concret ne lui était en réalité reproché dans le pays, hormis de fausses domiciliations.

Un magistrat indique au Monde que Clément B. n’aurait, en tout cas, pas eu de lien avec la cellule djihadiste de Verviers, démantelée en janvier 2015 au cours d’un assaut spectaculaire. Cellule qui était en revanche directement liée au réseau d’Abdelhamid Abbaoud, l’un des organisateurs des attentats de Paris en novembre 2015.