Manifestation de la filière cheval française, le 29 mars 2017, devant le ministère de l’économie. Ils protestent contre l’expérimentation par la Française des jeux de « live betting », c’est-à-dire de paris sportifs pris en direct pendant les épreuves sportives, dans les bars-tabac. | JACQUES DEMARTHON / AFP

Le terrain reste lourd pour le PMU. Mais le groupement d’intérêt économique (GIE) contrôlé par les sociétés de course veut accélérer l’allure. Son objectif fixé par son PDG, Xavier Hürstel : stabiliser le pari hippique en 2017.

« Au premier trimestre 2017, nous avons renoué avec la croissance des paris hippiques, en légère progression de 0,6 %. En France, le recul est de 1,5 % à comparer à la baisse de 4 % enregistrée sur l’ensemble de l’année 2016 et pour la première fois depuis trois ans, les points de vente en France ont affiché une hausse des prises de paris en mars », affirme M. Hürstel.

Pour cesser de perdre du terrain, le PMU compte sur de nouveaux jeux et de nouveaux services pour séduire les joueurs. A l’exemple, du « Simple Jackpot », dévoilé jeudi 20 avril, à l’occasion de la publication des résultats annuels de l’opérateur historique.

« Conquérir de nouveaux clients »

Ce jeu permet au joueur qui choisit de miser sur un cheval gagnant ou placé – c’est le pari simple – de bénéficier d’un multiple de son gain. Pour les plus chanceux, le gain peut être multiplié par 1 000. Mais pour bénéficier de cet éventuel coup du sort, le client devra débourser 50 centimes de plus que le 1,5 euro, mise de base du pari simple. Le choix de doper le pari simple n’est en rien le fruit du hasard : il représente, à lui seul, près d’un tiers de l’activité du PMU.

Le PMU a également lancé, en début d’année, sur Internet, Turfoot, le premier jeu qui mêle paris hippiques et sportifs, mais aussi cash out, la possibilité de racheter son pari sportif pour limiter sa perte, quand la compétition tourne au désavantage du parieur. En termes de services, l’opérateur a proposé, avec succès, le pari par SMS et a adjoint à son application sur smartphone myPMU, une fonction de lecture du récépissé pour connaître ses gains hippiques en point de vente. « Nous devons trouver de nouveaux produits intelligents capables soit de satisfaire les turfistes traditionnels, soit de conquérir de nouveaux clients », résume M. Hürstel.

La GIE souhaite aussi accélérer la modernisation de la prise de paris sur les points de vente, avec l’installation de bornes. Près de la moitié du parc a déjà bénéficié de cette remise à niveau, et 2 000 bars-tabacs devraient encore en bénéficier cette année.

Inquiétudes de la filière

L’opérateur historique tente ainsi de revenir dans la course après avoir dû sauter un obstacle de taille. L’Autorité de la concurrence l’a contraint à séparer les masses d’enjeux sur les courses hippiques entre les paris sur Internet et ceux pris en point de vente. « Pendant dix-huit mois, nous n’avons pas pu lancer d’innovations car nous nous sommes concentrés sur la séparation des masses d’enjeux », explique M. Hürstel. Un projet qui a, non seulement, monopolisé les équipes informatiques mais a aussi pénalisé l’activité du PMU de manière sensible. « Les enjeux sur Internet ont baissé de 13 % en 2016 », estime M. Hürstel, qui qualifie l’année qui vient de s’écouler de « difficile ».

Alors que le pari sportif continue à gagner des adeptes en France, avec le formidable effet d’entraînement des compétitions de football, le PMU a vu le total de ses enjeux reculer encore de 0,6 %, à 9,73 milliards d’euros en 2016. Et ce, malgré un dynamique développement de ses activités à l’international, qui ont, pour la première fois, dépassé le seuil du milliard d’euros. Quant au résultat net, il est passé sous la barre des 800 millions d’euros à 796 millions. A comparer aux 876 millions d’euros atteints en 2011. Une érosion qui fragilise la filière hippique, le PMU versant l’intégralité de ses dividendes aux sociétés de course Le Trot et France Galop. Ces dernières ont vu leurs comptes virer au rouge.

Inquiète pour son avenir, la filière cheval française est prête à se mobiliser. Elle l’a démontré, fin mars, en manifestant devant Bercy. L’expérimentation par FDJ (Française des jeux) de « live betting », c’est-à-dire de paris sportifs pris en direct pendant les épreuves sportives, dans les bars-tabacs a mis le feu aux poudres.

La filière cheval revendique 60 000 emplois directs

Cet accroissement potentiel du champ d’activité du grand concurrent du PMU pourrait déstabiliser encore plus le pari hippique en perte de vitesse. Finalement, le projet d’expérimentation a été suspendu. Mais le prochain gouvernement devra statuer sur le devenir du monde des jeux d’argent. « Quel que soit le gouvernement, le régulateur doit aider le PMU à faire face à la concurrence des autres opérateurs de jeux d’argent. Les opérateurs de paris sportifs et l’opérateur de loterie ne financent pas une filière qui ne dépend que de cette ressource », plaide M. Hürstel. Un argument de poids quand la filière cheval revendique 60 000 emplois directs répartis sur tout le territoire, en particulier dans les zones rurales. Et le PDG du PMU de citer, en exemple des sujets à traiter, la différence de rémunération des points de vente, discriminant le pari hippique, qui verse 2 % des mises aux détaillants, contre 5 % rétrocédé par FDJ sur ses jeux.

En attendant, le PMU se serre la ceinture, pour stabiliser son résultat net en 2017. Un plan d’économie de 20 millions d’euros sur trois ans a été lancé en 2016, auquel s’est rajouté un second plan de réduction des coûts de 5 millions d’euros. A la clé : la suppression de 90 postes. Sachant que le PMU reste un « bon contribuable ». Il a encore abondé les caisses de l’Etat de 856 millions d’euros en 2016.