C’est la dernière en date d’une longue série. L’attaque survenue jeudi 20 avril sur les Champs-Elysées à Paris, revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI), a une nouvelle fois frappé les forces de l’ordre. Un policier a été tué, et deux autres grièvement blessés.

Depuis les meurtres de Mohamed Merah, en 2012, police et armée ont été la cible de plusieurs attentats, un certain nombre d’entre eux ayant été perpétrés par des individus radicalisés ou ayant prêté allégeance à l’EI.

Retour sur les principales attaques contre les forces de l’ordre.

  • 11 et 15 mars 2012 : trois militaires tués par Mohamed Merah

Le 11 mars, Mohamed Merah fixe un rendez-vous au parachutiste Imad Ibn Ziaten, prétendant lui acheter sa moto. Le militaire avait précisé sa profession dans l’annonce publiée sur Internet. Il est abattu d’une balle dans la tête, tirée à bout portant par l’assassin, qui s’enfuit à scooter.

Quatre jours plus tard, Mohamed Merah attaque trois militaires en train de retirer de l’argent à un distributeur automatique de billets. Deux d’entre eux sont tués, le dernier est depuis plongé dans le coma. Le 19 mars, Mohamed Merah tue quatre personnes dans une école de la communauté juive, également cible prioritaire des djihadistes. Il est abattu par le RAID le 22 mars.

  • 23 mai 2013 : un soldat agressé au cutter à la Défense

Alexandre Dhaussy, récent converti à l’islam de 22 ans, poignarde un militaire en faction à la Défense. La victime s’en sortira avec quelques points de suture. Le procureur de Paris, François Molins, évoque alors une « volonté de tuer assez évidente ».

La section antiterroriste du parquet s’était saisie de l’affaire en raison du discours empreint de religiosité de l’auteur mais également du contexte : un soldat avait été tué trois jours plus tôt à Londres à coups de machette. Alexandre Dhaussy a finalement été déclaré pénalement irresponsable en novembre 2015 en raison d’« importants troubles psychiques ».

  • 20 décembre 2014 : agression de policiers à Joué-lès-Tours

Surnommé « Bilal » depuis sa conversion à l’islam, Bertrand Nzohabonayo est abattu par des policiers dans le sas d’entrée du commissariat de Joué-lès-Tours. Il les avait agressés avec un couteau de cuisine en criant « Allah Akbar » (« Allah est le plus grand »).

Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’affaire. Des doutes et des rumeurs persistent quant à la motivation de l’auteur de l’attaque.

  • 1er janvier 2016 : une voiture-bélier fonce sur des militaires

Un homme de 29 ans, originaire de Bron, dans la banlieue lyonnaise, fonce en voiture sur quatre militaires postés devant la mosquée de Valence (Drôme). Les militaires ouvrent le feu, blessant grièvement le conducteur au bras et à la jambe.

Cette attaque est la seule parmi celles mentionnées dans cet article qui n’ait pas entraîné l’ouverture d’une enquête pour terrorisme. L’homme a tenu des propos « confus » aux secouristes, déclarant qu’il souhaitait « se faire tuer par des militaires et tuer des militaires », selon le parquet de Valence. Il a été mis en examen pour tentatives d’homicide volontaire sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

  • 7 et 8 janvier 2015 : les policiers cibles et victimes des djihadistes

Chargé de la protection du directeur de Charlie Hebdo, Charb, Franck Brinsolaro est l’un des onze morts de la tuerie dans les locaux de l’hebdomadaire. Pendant la fuite des frères Kouachi dans Paris, une fusillade éclate boulevard Richard-Lenoir. Le policier Ahmed Merabet est touché puis achevé froidement.

Le lendemain matin à Montrouge, deux agents de police sont alertés par le comportement suspect d’un individu, Amedy Coulibaly. Armé d’un fusil d’assaut et d’un pistolet, celui-ci fait feu et touche mortellement la policière Clarissa Jean-Philippe.

  • 3 février 2015 : attaque à l’arme blanche de trois militaires en faction devant une synagogue

Un individu agresse au couteau un des militaires qui assurent la sécurité d’un immeuble abritant le consistoire israélite de Nice, le blessant au cou et au visage. Un autre soldat est blessé au bras.

L’auteur de l’attaque, Moussa Coulibaly, était connu des services de police pour des faits de petite délinquance et avait montré des signes de prosélytisme agressif. En garde à vue, il a exprimé sa haine des militaires et des juifs.

  • 7 janvier 2016 : un homme muni d’une fausse ceinture d’explosif tué devant un commissariat de Paris

Un an jour pour jour après l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo, un Tunisien de 24 ans tente de forcer des barrières placées devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris. Il est abattu alors qu’il brandit un hachoir de boucher en criant « Allah Akbar ».

Sur son cadavre, un dispositif explosif factice est découvert par les policiers, ainsi qu’un papier où sont griffonnés un drapeau de l’organisation Etat islamique et un texte d’allégeance à l’organisation terroriste. L’absence de lien avec la mouvance djihadiste avait plus tard été établie par la police de la région allemande où il résidait.

  • 13 juin 2016 : meurtre d’un couple de policiers à Magnanville

Vers 21 heures, Larossi Abdallah assassine le commandant Jean-Baptiste Salvaing devant son domicile, à Magnanville, dans les Yvelines. Le meurtrier prend ensuite en otage la famille de la victime. Egalement policière, la compagne du commandant Salvaing, Jessica Schneider, est retrouvée morte par le RAID.

Larossi Abdallah est tué lors de l’intervention des forces spéciales. Il avait auparavant publié sur Facebook une vidéo d’allégeance à l’Etat islamique. Par son agence AMAQ, le groupe djihadiste a ensuite revendiqué les deux assassinats.

  • 3 février 2017 : quatre soldats attaqués à la machette près du Louvre

Armé de deux machettes, un Egyptien de 29 ans, Abdallah El-Hamahmy, se rue sur quatre militaires qui patrouillent au sous-sol du Carrousel du Louvre. L’attaque ne fait aucune victime, et l’agresseur est placé en garde à vue.

Face aux enquêteurs, il reconnaît adhérer à l’idéologie de l’Etat islamique mais affirme avoir agi de sa propre initiative pour « porter un préjudice matériel au Louvre, car c’est un symbole de la France », sans vouloir s’en prendre aux militaires.

  • 18 mars 2017 : une militaire prise en otage à l’aéroport d’Orly

Après une course-poursuite avec la police à travers l’Ile-de-France, Zyed Ben Belgacem arrive à l’aéroport d’Orly peu après 8 heures du matin. Il s’attaque à une militaire, qu’il utilise comme bouclier humain en la menaçant d’un pistolet sur la tempe.

Trois minutes plus tard, l’assaillant est abattu par un collègue de la militaire prise en otage. Zyed Ben Belgacem n’était pas fiché « S », mais connu des services de police pour « radicalisation ». Pendant son attaque, il déclare : « Posez vos armes, mains sur la tête, je suis là pour mourir par Allah. »

  • Des attentats déjoués

Plusieurs projets visant les forces de l’ordre ont également été régulièrement déjoués. Le siège de la Direction générale de la sûreté intérieure (DGSI), à Levallois, et le 36, quai des Orfèvres (police judiciaire de Paris) étaient listés comme cibles potentielles par cinq hommes arrêtés le 20 novembre 2016.

La cellule de Cannes-Torcy, dont le procès s’est ouvert le 20 avril, avait effectué des repérages autour du camp militaire de Canjuers (Var). En juillet et novembre 2015, les renseignements français avaient permis d’éviter deux attaques contre des installations militaires, à Fort-Béar (Pyrénées-Orientales) et contre la base navale de Toulon (Var).