« Quel candidat propose un encadrement raisonné de la finance qui a mis en danger le système économique mondial il y a dix ans sans être réformé depuis ? » (Jean-Luc Mélenchon, sur France 2, le 17 avril). | POOL / REUTERS

Membres de la campagne et soutiens actifs de Bernie Sanders durant la primaire démocrate de 2016 aux Etats-Unis, nous suivons avec attention l’élection présidentielle française. Depuis l’autre côté de l’Atlantique, le déroulement de cette élection nous rappelle ce que nous avons vécu en 2016.

D’un côté, la campagne de Bernie Sanders reposait sur un mouvement populaire de grande ampleur. Notre message de justice économique, sociale, raciale et environnementale a inspiré des centaines de milliers de citoyens de tous âges à s’investir pour la première fois dans une campagne politique.

D’un autre côté, l’élite dirigeante du Parti démocrate, les médias de masse, certains commentateurs politiques et personnalités publiques ont qualifié notre candidat de dangereux idéaliste au programme irréaliste, tout en dédiant un temps d’antenne significativement plus important à Donald Trump et à Hillary Clinton lors des primaires.

Une interview vieille de trente ans

A titre d’exemple, les médias grand public avaient diffusé une interview vieille de trente ans pour présenter Sanders comme un admirateur de Fidel Castro, effrayant ainsi l’électorat américain. Ils ont discrédité sa candidature en la qualifiant de « socialisme radical », terme aussi peu flatteur chez nous que celui de « communisme » en France.

Sur les questions internationales, son propos résolument pacifiste a été déformé au point d’être comparé à la position isolationniste de Donald Trump. Face à ce battage médiatique, notre sentiment d’injustice ne cessait d’augmenter, et notre devoir de partager notre message avec tous les citoyens était chaque jour plus fort.

En effet, Bernie Sanders ne faisait que défendre une évolution de notre société vers un plus grand respect de l’environnement et une plus grande justice économique et sociale. Notre message était clair : la richesse du pays devrait bénéficier à tous et pas seulement à une poignée de millionnaires. Notre vision était novatrice : ouvrir l’horizon de l’imagination politique pour faire face aux changements du XXIe siècle.

Appréhension naturelle

Ces derniers jours, Jean-Luc Mélenchon a été dépeint comme l’admirateur de dictateurs, malgré les clarifications et dénis répétés. Son programme a été qualifié d’irréaliste, et pourtant, il est conforme aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en vue d’une reprise de l’économie. Son vœu d’une solution exclusivement diplomatique au conflit syrien est sans cesse caricaturé en soutien implicite à l’indéfendable régime en place.

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Certes, nos candidats ne sont pas les mêmes, mais ils incarnent tous deux la même volonté d’un changement fondamental au bénéfice de la grande majorité des habitants de leurs pays au lieu de privilégier les intérêts d’une minorité aisée. Au regard d’un changement social aussi monumental, il est naturel d’éprouver une certaine appréhension. Cependant cette peur doit être surmontée pour laisser place à un courage qui promet de changer la face de nos sociétés.

Malgré l’élan populaire qui a porté notre candidat tout au long des primaires, nos efforts pour vaincre la candidate de l’establishment, Hillary Clinton, et pour avoir l’opportunité de se présenter à l’élection générale, ont été vains. Vous avez la chance d’avoir un candidat qui n’est pas emprisonné dans cette logique.

Nous vous passons le relais

Nous vous appelons à examiner ce qui s’est passé aux Etats-Unis et à faire votre choix en fonction des faits et des programmes des candidats. Quel candidat prend réellement en compte l’urgence environnementale ?

Quel candidat propose un encadrement raisonné de la finance qui a mis en danger le système économique mondial il y a dix ans sans être réformé depuis ? Votre pays est le sixième pays le plus riche du monde, quel candidat propose de répartir de manière juste cette richesse afin que chacun puisse étudier, se soigner et s’épanouir ?

Ce dimanche 23 avril, le monde aura les yeux tournés vers vous. A deux jours de ce scrutin historique, nous vous passons le relais en faisant confiance à votre esprit critique bien français pour faire un choix audacieux, à la hauteur des enjeux que nous avons à affronter.

Les signataires sont des membres de la campagne de Bernie Sanders aux primaires démocrates : Winnie Wong (cofondatrice de « People for Bernie Sanders »), Cara Bates (directeur régional mobilisation terrain), Kyle Butts (responsable mobilisation terrain), Robert Byrne (ambassadeur national de campagne auprès des communautés LGBTQ), Camilo Caffi (responsable graphique et marque de Bernie 2016), Sasha Foster-Andres (directeur adjoint de mobilisation terrain), Sierra Holstad (directeur régional mobilisation terrain), Emily Isaac (responsable mobilisation terrain), Joshua Johnson (responsable mobilisation terrain), Phillip Kim (ambassadeur national de campagne auprès des syndicats), Kevin Lata (directeur adjoint de mobilisation terrain), Erica Lee (ambassadeur national de campagne auprès communautés asiatiques), Grayson Lookner (responsable mobilisation terrain), Jonathan Mason (responsable mobilisation terrain), Tim Pham (responsable mobilisation terrain), Alia Phillips (directeur régional mobilisation terrain), Elena Salisbury (directeur régional mobilisation terrain), Danny Timpona (responsable mobilisation terrain), Alex van Schaick (ambassadeur de campagne auprès des syndicats), Timothy Wheelock (responsable mobilisation terrain), Shaddi Zeid (directeur régional mobilisation terrain), Claire Sandberg (directrice de la campagne digitale).