La série « YouTubothèque » se propose de donner carte blanche à des artistes par le biais de l’incontournable plateforme vidéo en ligne YouTube. Un vecteur permettant de s’ouvrir à leurs différentes influences, qu’elles soient musicales, issues du 7e art, littéraires, voire au-delà de la sphère culturelle.

Le groupe rock parisien Mendelson doit sa singularité à la poésie chantée-parlée, à la fois humaniste et sombre, de son leader Pascal Bouaziz. Leur sixième album, intitulé Sciences politiques (Ici d’ailleurs), s’essaie à l’exercice de la reprise, mais soigneusement choisie : douze chansons contestataires anglo-américaines (de Leonard Cohen, Marvin Gaye, Bruce Springsteen ou The Jam) réadaptées librement en version française pour leur résonance particulière à la sombre actualité.

Pascal Bouaziz s’est ainsi généreusement prêté au jeu de cette sélection vidéo.

1. Low : Drone Not Drones

Low - Do you know how to waltz? (Live at Rock the Garden 2013)
Durée : 28:07

Si l’on m’avait dit que mon groupe américain préféré de ces dernières années, serait un couple de mormons neurasthéniques, je me serais un peu surpris moi-même. Et pourtant c’est bien le cas ! J’aime tout chez eux, mêmes les rebuts d’album, magnifique Tomorrow One. Mais là où je les préfère c’est en live à la radio, notamment pour cette radio de Seattle, qui me sidère par sa programmation, le son de leurs vidéos, et les performances incroyables qu’ils arrivent à susciter chez leurs invités : KEXP ! Quelle claque…

Low - Full Performance (Live on KEXP)
Durée : 27:20

 

2. Guy Debord : in girum imus nocte et consumimur igni

GUY DEBORD - 1/4 - IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI
Durée : 23:23

Je dois beaucoup de choses à mon ami Michel Cloup, parmi les plus belles découvertes musicales – Kool Keith, Bongwater –, quelques-uns de mes plus beaux fous rires d’adulte aussi. Un compagnonnage de vingt ans du genre qui fait garder les pieds sur terre et une admiration intacte pour son travail jusqu’à ses toutes dernières chansons.

Mais, parmi tout ça, la découverte de ce film-là de Guy Debord reste un des plus beaux cadeaux que l’on m’ait fait. Et notamment la découverte de cette voix, celle d’un des plus grands poètes du XXe siècle. Vingt ans après que La Société du Spectacle, qui me paraissait illisible, me soit tombé des mains, je l’ai repris récemment pour découvrir un des textes les plus limpides jamais écrit sur notre monde contemporain : quelle surprise…

3. Frédéric Lordon et Gilles Deleuze sur Spinoza

Spinoza à Paris 8 - Frédéric LORDON 12 novembre 2015
Durée : 02:02:04

Frédéric Lordon a peut-être quelques défauts, peu importe… La puissance de son discours, sa liberté, son charme, son humour, sa mauvaise foi sont une grande bouffée d’air frais ! Et, en plus, il est de gauche ! En l’occurrence une belle conférence bien pointue sur un de ses derniers ouvrages, Imperium. Sa cruelle analyse des rapports sociaux, des affects communs, n’épargne pas grand monde, et certainement pas les impensés d’un certain internationalisme béat : attention, ça fait mal, même à gauche !

Et pour renvoyer au maître : une vidéo des cours de Deleuze sur le même Spinoza… Quelle beauté de la parole, quelle voix encore, quelle maîtrise dans le déroulé du discours, quel professeur !

Deleuze: Sur Spinoza, séance 1
Durée : 02:04:17

 

4. Bob Marley, Public Image Ltd et Robert Wyatt

Bob Marley & The Wailers Concrete Jungle The Grey Old Whistle Test 1973 432Hz
Durée : 04:04

Une des plus belles chansons du monde interprétée par un des plus grands groupes du monde à son apogée. Images magnifiques, ce groove, cette économie parfaite de moyens. Orgue, basse, guitare, batterie, et ces chœurs célestes… Tout ça pour sublimer un texte parfait. J’ai essayé deux ans d’affilée de traduire joliment ces mots : Concrete Jungle, sans y parvenir. De la même émission, la plus grande performance live de Public Image pour la chanson Careering – qui a donné chez Mendelson La Carrière dans Sciences politiques – a disparu des moteurs de recherches : dommage !

A la place, depuis la même émission de télé anglaise – quelle chance ils ont eu quand même ces salauds d’Anglais! –, à la place, donc, nous mettrons Robert Wyatt, dans cette version de Shipbuilding, presque aussi déchirante que l’original. Autre exemple d’une longue tentative et échec de traduction personnelle… Mais comment traduire élégamment : « With all the will in the world/Diving for real life/When we could be diving for pearls… »

Robert Wyatt - Shipbuilding.
Durée : 02:54

Sur le Web : mendelson.fr