Grosse rechute ou simple mauvaise passe ? Les vingt clubs de football de la Premier League ont vu leurs comptes passer dans le rouge lors de la saison 2015-2016, après deux années consécutives où ils étaient dans le vert. Ils retrouvent ainsi leurs mauvais souvenirs, quand ils avaient connu des pertes pendant quatorze saisons successives.

Selon les calculs publiés jeudi 20 avril par le cabinet Deloitte, les clubs de l’élite du football anglais ont réalisé en 2015-2016 un chiffre d’affaires record, à 3,6 milliards de livres sterling (4,3 milliards d’euros), en hausse de 9 % par rapport à la saison précédente. Mais dans le même temps, ils ont affiché une perte de 110 millions de livres (130 millions d’euros).

L’envolée des salaires

La principale explication est l’envolée des salaires des joueurs. La masse salariale, déjà conséquente, a encore grimpé de 12 % par rapport à la saison précédente. Elle couvre désormais presque les deux tiers du chiffre d’affaires. Et tout indique que cela va continuer.

Récemment, la presse britannique bruitait de l’offre qu’Alexis Sanchez, l’attaquant d’Arsenal, aurait reçue pour le convaincre de ne pas changer de club : 15,6 millions de livres (18,6 millions d’euros) par an. Si l’affaire était conclue, il deviendrait le joueur le mieux payé d’Angleterre.

A en croire Dan Jones, l’auteur du rapport de Deloitte, les clubs de Premier League ne sont pour autant pas revenus à leurs mauvaises habitudes ultra-dépensières. A partir de la fin des années 1990, sous l’impulsion de multimilliardaires qui y dépensaient leur argent tout en s’achetant une image, les grandes équipes anglaises étaient devenues des trous sans fond. L’archétype était Chelsea, dont l’oligarque Roman Abramovich avait fait son jouet.

Les règles de fair-play financier mises en place par l’UEFA, sous l’impulsion de Michel Platini, ont mis fin à cette période. Les clubs ont désormais l’obligation d’équilibrer leurs comptes sur une période de trois ans – avec quelques exceptions malgré tout. Cette contrainte a permis aux clubs de repasser dans le vert à partir de la saison 2013-2014.

Selon Deloitte, la rechute actuelle s’explique par une série de facteurs exceptionnels, qui ne devraient pas se reproduire. D’abord, les clubs ont anticipé la hausse de leurs revenus, venant des droits de retransmission télévisée qui ont fait un bond d’un tiers cette année. Ils ont donc multiplié, dès la saison dernière, les transferts de joueurs, ce qui coûte très cher en commissions versées à leurs agents. De plus, la hausse des salaires est une sorte « d’avance » sur ce pactole à venir. « Nous prévoyons que la Premier League va revenir à un niveau de profitabilité record pour la saison 2016-2017 », estime M. Jones.