Les trois défenseurs de la Juventus Turin. | JOSEP LAGO / AFP

C’est peu dire que les dirigeants de l’AS Monaco ont laissé transpirer leur circonspection, vendredi 21 avril, au terme du tirage au sort des demi-finales de la Ligue des champions (LDC). Qualifiés pour la quatrième fois de leur histoire (après 1994, 1998 et 2004) pour le dernier carré de l’épreuve, les joueurs de la principauté ont certes évité les deux frères ennemis madrilènes, le Real, tenant du titre, et l’Atlético, qui joueront le « remake » de la finale de l’an dernier. Mais ils ont hérité (aller le 3 mai, au stade Louis-II, retour le 9 mai, au Juventus Stadium) de sérieux clients : les Italiens de la Juventus Turin, tombeurs du FC Barcelone (3-0/ 0-0) au tour précédent et doubles vainqueurs de la compétition (en 1985 et 1996).

La proximité géographique (250 km) entre les deux villes n’a pas atténué les craintes de Vadim Vasilyev, le vice-président de l’ASM. « Ce sera une revanche, a déclaré le dirigeant, dont le club s’était incliné (1-0/ 0-0) en quarts de finale, en 2015, face aux Bianconeri. Il y a deux ans, cette équipe de la Juve était déjà très forte. Ils sont encore plus forts, mais nous aussi. A l’époque, ça s’était joué sur des détails. » En 1998, les Monégasques furent déjà sortis de la compétition, en demi, par les Turinois de Zinédine Zidane et d’Alessandro Del Piero (4-1/ 2-3).

Le déficit d’expérience des Monégasques

En termes d’expérience, plusieurs mondes séparent actuellement la « Juve » de la famille Agnelli et l’ASM, finaliste malheureuse de la Ligue des champions en 2004, et propriété du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev depuis 2011. Quintuples tenants du titre en Serie A et en passe de remporter une sixième couronne d’affilée, les Turinois survolent le football transalpin depuis 2012 et tentent de retrouver leur rang sur la scène européenne. Battus (3-1) en finale de l’édition 2014-2015 de la LDC par le FC Barcelone, les protégés de l’entraîneur Massimiliano Allegri ont un bagage impressionnant sur l’échiquier continental.

En guise d’exemple, leur capitaine et gardien historique, Gianluigi Buffon, 39 ans, cumule 113 rencontres en Ligue des champions. Quant aux défenseurs Giorgio Chiellini et Dani Alves, ils affichent respectivement 64 et plus de 100 matchs dans la compétition.

La joie des Turinois après leur qualification face au FC Barcelone. | Sergio Perez / REUTERS

Une défense très hermétique

De surcroît, cette double confrontation représente une belle opposition de style entre le rouleau compresseur monégasque (141 buts inscrits cette saison toutes compétitions confondues), emmené par le prodige Kylian M’Bappe (18 ans et 5 buts au compteur en LDC), et l’infranchissable défense de la « Vieille Dame ».

Articulée autour de la très hermétique charnière Chiellini-Bonucci, l’arrière-garde turinoise sidère l’Europe du football par sa rigueur et sa discipline. Elle n’a d’ailleurs concédé que deux buts cette saison sur l’ensemble de la compétition et seulement 20 réalisations (en 32 matchs) en Serie A. Le 19 avril, la « Juve » a notamment muselé (0-0) avec aisance le trident barcelonais Messi-Neymar-Suarez (MSN) au Camp Nou. Là même où le Paris-Saint-Germain s’était effondré (6-1), en mars, en huitièmes de finale.

Si elle va devoir se passer de son milieu allemand, Sami Khedira (suspendu), lors de la manche aller, la formation turinoise pourra compter sur ses joueurs offensifs de talent comme le Colombien Juan Guillermo Cuadrado, le Croate Mario Mandzukic et les Argentins Paulo Dybala et Gonzalo Higuain. Autant dire que la tâche s’annonce colossale pour l’AS Monaco, qui pourra toujours se réconforter en se référant au récent « exploit » de l’Olympique lyonnais dans le Piémont. En novembre 2016, les Gones étaient parvenus à arracher le nul (1-1) sur la pelouse de l’inexpugnable Juventus Stadium.