Concourir à la sécurité du scrutin sans pour autant alimenter un climat anxiogène dans la capitale. Tel est l’objectif poursuivi par Anne Hidalgo au lendemain de l’attentat perpétré, jeudi 20 avril, sur les Champs-Elysées. Paris devrait être, dimanche 23 avril, la seule ville de France avec Nice à déployer des agents de sécurité devant les bureaux de vote, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Les élus Les Républicains de la capitale reprochent toutefois à la maire socialiste de ne pas mobiliser suffisamment de personnels.

Lors d’une réunion de crise, à l’hôtel de ville, vendredi, en présence de tous les président(e) s de groupes politiques du Conseil de Paris, Mme Hidalgo a rappelé que la lutte contre le terrorisme incombait uniquement aux forces de l’ordre et donc en aucun cas n’était du ressort de la Ville. Elle a toutefois rappelé que dans le contexte actuel, il était normal que la Ville apporte son concours à la sécurisation des bureaux de vote, alors que la police doit se consacrer à la lutte contre la menace d’attentat.

Selon un courrier du 20 mars adressé aux maires d’arrondissement de Paris, que Le Monde s’est procuré, le préfet de police, Michel Cadot, a prévu « un dispositif dense de sécurisation dynamique des bureaux de vote ». Il s’appuiera sur les patrouilles sectorisées des commissariats, sur l’Unité de sécurisation opérationnelle de la capitale et sur les soldats de l’opération « Sentinelle ». Des « vidéopatrouilles » seront aussi organisées, indique le courrier.

Mesures « inadaptées aux circonstances »

De son côté, Mme Hidalgo a arrêté, depuis février, un dispositif qui prévoit de poster 208 agents devant plus d’une centaine de bâtiments publics de la capitale sur les 593 sites où les Parisiens se rendront aux urnes. Il s’agit des lieux les plus difficiles à sécuriser, précise l’hôtel de ville, notamment parce qu’ils disposent de plusieurs entrées.

La mairie a prévu de faire appel pour partie à des agents municipaux de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection et à de vigiles de sociétés privés. Le coût global estimé est de 263 000 euros pour les deux tours de la présidentielle et ceux des législatives des 11 et 18 juin.

Mais la droite estime cette protection insuffisante. Dans un courrier adressé le 18 avril à Mme Hidalgo, cosigné avec la patronne de leur groupe Nathalie Kosciusko-Morizet, les huit maires d’arrondissement LR estiment les « mesures » prises « pas du tout suffisantes » et « inadaptées aux circonstances ». Ils réclament « la présence permanente d’agents dédiés, formés, et habilités au filtrage et à la fouille des sacs dans chaque bureau de vote » aux deux tours de la présidentielle et des législatives.

« Le dispositif prévu a été arrêté, en février, en concertation avec les maires d’arrondissement, indique l’entourage de Mme Hidalgo. Nous avons pris soin, pour la première fois, de demander la liste des bureaux de vote qu’il leur semblait nécessaire de sécuriser. Nous avons répondu favorablement à 100 % de leur demande. Elles concernaient 191 bureaux de vote sur les 896. »

Jean-François Legaret, maire (LR) du 1er, dément cette affirmation. A l’en croire il n’a pas « été associé à une concertation dès le mois de février pour sécuriser les bureaux de vote du 1er arrondissement ». Les maires d’arrondissement (LR) ne désarment pas. Delphine Bürkli, maire du 9e a décidé de faire appel à des sociétés privées pour assurer la sécurité, dimanche, devant la totalité des bureaux de vote de son arrondissement. Jeanne d’Hauteserre, maire du 8e, et Brigitte Kuster, maire du 17e, ont pris la même disposition depuis le 19 avril.