Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a notamment regretté l’opposition de Washington à une proposition russo-iranienne d’enquêter sur l’attaque chimique de Khan Cheikhoun en Syrie, début avril. | Pavel Golovkin / AP

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s’est entretenu vendredi 21 avril au téléphone avec son homologue américain Rex Tillerson. D’après Moscou, cette discussion a eu lieu à l’initiative de Washington.

Lors de cet entretien, M. Lavrov a notamment « exprimé ses regrets face à l’opposition des Etats-Unis au sein de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (…) d’envoyer en Syrie des inspecteurs pour vérifier les informations sur le recours au gaz sarin à Khan Cheikhoun », le 4 avril, précise le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. Les deux hommes « se sont mis d’accord pour (…) examiner de nouveau une possibilité d’ouvrir une enquête objective sur cet incident sous l’égide de l’OIAC », selon la même source.

MM. Lavrov et Tillerson sont également convenus de lancer « le plus vite possible » un groupe de travail, qui sera chargé de chercher des solutions pour « lever les points de friction des relations » entre les deux pays, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide en raison notamment de la crise ukrainienne et du conflit en Syrie.

Le département d’Etat a également publié un communiqué en début de soirée, précisant que les deux hommes avaient évoqué « la poursuite [de discussions] sur des problèmes bilatéraux » et des sujets « incluant l’enquête de l’OIAC sur l’utilisation par la Syrie d’armes chimiques le 4 avril ». M. Tillerson « a réitéré son soutien au mécanisme d’enquête existant », poursuit le document, sans autre précision.

« Vérifier les allégations »

L’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques a rejeté, jeudi, lors d’un vote la proposition de Moscou et de Téhéran de mettre en place une nouvelle équipe chargée d’enquêter sur l’attaque chimique de Khan Cheikoun.

Le projet de texte russo-iranien, dont l’Agence France-Presse a pris connaissance, appelait à la mise sur pied d’une investigation « pour établir si des armes chimiques ont été utilisées et comment elles ont été livrées sur le site de l’incident présumé ».

Une telle initiative ne tenait pas compte du travail de l’OIAC pourtant déjà en cours sur l’attaque qui a fait 87 morts dans cette petite ville contrôlée par des rebelles et des djihadistes dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest du pays. Moscou et Téhéran demandaient également aux enquêteurs de se rendre sur la base aérienne frappée par les Etats-Unis dans la foulée du drame pour « vérifier les allégations concernant le stockage d’armes chimiques » à cet endroit.