Se reconvertir signifie retourner sur les bancs de l’école. Un choix qui peut se révéler délicat. Emmanuelle Lecomte, coach et psychothérapeute, livre quelques clés pour réussir.

Pourquoi et quand décide-t-on de reprendre des études ?

Chez les salariés que j’accompagne, l’ennui et la sensation d’avoir fait le tour de leur métier sont souvent déterminants. Parfois aussi, ils ressentent un déséquilibre entre ce qu’ils donnent et ce qu’ils reçoivent de leur ­entreprise, ce qui les conduit à ­remettre en question le sens de leur travail. Certains ont envie de passer du salariat à l’entrepreneuriat, en pensant qu’ils seront plus heureux parce qu’ils seront plus libres de leurs actes.

Cette reprise d’études intervient souvent en milieu de ­carrière, lors de la quarantaine ou au-delà. Ces personnes ont atteint une certaine maturité professionnelle et se sentent ­capables de faire autre chose. Sur le plan personnel, leurs enfants sont grands. Souvent, ce changement s’amorce parallèlement à l’activité professionnelle dans un premier temps, afin de se sentir plus sécurisé et d’organiser une transition.

Sur le plan personnel, qu’est-ce qui se joue dans cette décision ?

Pour être réussie, une reprise d’études nécessite une introspection et un véritable engagement. L’erreur serait de suivre un ­engouement passager qui ne ­serait qu’un feu de paille. Ce choix ne relève pas que de questions financières ou sociales, mais de valeurs profondes comme la liberté. J’ai, par exemple, accompagné une monteuse de cinéma qui a voulu commencer une licence en histoire de l’art. Plus jeune, elle avait le goût du dessin, mais ses parents l’avaient dissuadée de suivre cette voie.

Quels sont les freins qui peuvent empêcher la reprise d’études ?

Le premier risque, c’est de douter de ses compétences. Il faut être capable de partir en terrain inconnu, en remettant en cause son fonctionnement. Ce n’est pas simple de réintégrer un processus scolaire, en particulier si on a connu, enfant, des difficultés à l’école. Un autre frein est d’ordre organisationnel et financier : dispose-t-on du temps et de moyens suffisants ? Ce choix peut entraîner des sacrifices, comme le renoncement à des loisirs. C’est tout le système ­familial qui se trouve bousculé. Il faut s’assurer du soutien de ses proches. En outre, la reprise d’études suscite des centres ­d’intérêt nouveaux. Elle fait évoluer les réseaux professionnels et amicaux, ce qui peut générer des incompréhensions de l’entourage, voire un éloignement…

Vous vous êtes vous-même reconvertie. Comment cette expérience vous aide dans votre nouveau métier ?

J’ai été directrice des ressources humaines pendant vingt ans. Tout au long de mon parcours, j’ai suivi des formations au développement personnel. Puis, un jour, j’ai décidé de ­démarrer mon activité de coach et de psychothérapeute. Je peux plus facilement me mettre à la place des personnes, comprendre leurs envies et leurs craintes. Certains savent instinctivement ce qu’ils veulent faire, mais d’autres sont dans le flou : ils sont insatisfaits mais ne savent pas comment passer à autre chose. Il faut alors établir un diagnostic en pointant leurs points forts et les écueils éventuels.