Plus que tout autre candidat, Marine Le Pen est partie en campagne sereine : tous les instituts de sondage la donnaient qualifiée pour le second tour, et ce, depuis des mois. Avec 21,7% des voix selon les premières estimations fournies par Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, la candidate du Front national se place finalement en seconde position du premier tour. Elle affrontera Emmanuel Macron lors du second tour, dimanche 7 mai.

Marine le Pen à son QG de campagne parisien, en mars 2017. | LEA CRESPI POUR LE MONDE

  • Sa campagne

Marine Le Pen a tenté de gérer tout au long de la campagne l’avance dont elle était créditée dans les sondages. La présidente du Front national a annoncé sa candidature dès février 2016 et a consacré les mois suivants à essayer d’imposer ses thèmes.

La campagne de Mme Le Pen est toutefois apparue assez terne, sans réelle dynamique. Ses interventions lors des débats télévisés n’ont pas été particulièrement remarquées, à l’exception du moment où elle s’est fait moucher par Philippe Poutou. Mise en cause dans plusieurs affaires, dont celle des soupçons d’emplois fictifs visant des assistants parlementaires européens du FN, la dirigeante frontiste a été mise en difficulté, lors du débat du 4 avril, par le candidat du NPA qui lui a reproché de ne pas se rendre aux convocations de la justice en se retranchant derrière son immunité parlementaire.

Les affaires ont cependant moins miné sa campagne que celle de François Fillon. Pour sa défense, elle a dénoncé auprès de ses partisans une persécution politique et un calendrier établi pour lui nuire.

Dans la dernière ligne droite, alors que l’écart ente les quatre candidats donnés favoris s’est resserré, Marine Le Pen a décidé de tout miser sur ses thèmes de prédilection : l’immigration, la sécurité, l’histoire de France. Après avoir allumé une polémique sur la rafle du Vél d’Hiv, la candidate s’est lancée dans une charge anti-immigration et a assuré que si elle avait été au pouvoir, il n’y aurait pas eu d’attentats en 2015 et 2016 en France.

  • Son programme

Si elle est élue, Marine Le Pen assure que sa priorité sera de sortir de l’Union européenne. La candidate du FN a prévu de se rendre à Bruxelles « pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale », a-t-elle annoncé dans un entretien au Monde, en février. A l’issue des négociations, la dirigeante frontiste promet d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE. En cas de désaveu, la candidate d’extrême droite assure qu’elle quittera son poste de présidente.

Marine Le Pen souhaite également sortir de l’euro et retrouver « une monnaie nationale adaptée à notre économie ». Dans une interview sur Europe 1 en janvier, l’eurodéputée proposait ainsi la mise en place de deux monnaies pour remplacer l’euro. « Une monnaie nationale » pour les Français au quotidien et une « monnaie commune » pour les Etats et les grandes entreprises.

Autre thème fort de la dirigeante frontiste : l’immigration. Marine Le Pen veut la réduire à un solde annuel de 10 000 personnes. La candidate FN souhaite également supprimer le droit du sol ou encore l’aide médicale de l’Etat aux étrangers.

Dans le domaine économique, la dirigeante frontiste propose de baisser les cotisations sociales pour les TPE/PME, de taxer l’embauche de salariés étrangers, de supprimer la loi travail ou encore de défiscaliser les heures supplémentaires.

En matière sécuritaire, la candidate projette d’expulser de France tous les fichiers « S » étrangers, ainsi que les criminels et les délinquants étrangers. Marine Le Pen prévoit en outre de durcir la politique pénale et de créer 40 000 places de prison pendant le quinquennat.

  • Son parcours

La présidente du FN aborde sa deuxième campagne présidentielle après avoir, en 2012, obtenu 17,90 % des voix au premier tour. Avant d’entamer une carrière politique, la fille de Jean-Marie Le Pen a été avocate au barreau de Paris. Elle a rejoint le FN en tant que directrice juridique. En 1998, Mme Le Pen devient également conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais.

Le soir du 21 avril 2002, elle jubile lorsqu’elle apprend la qualification de son père pour le second tour : « C’est la naissance de quelque chose », prédit-elle. Dès lors, elle prend une place grandissante au sein du FN, dont elle devient la vice-présidente en 2003. En 2004, elle est élue députée au Parlement européen où elle sera réélue en 2009 et 2014.

Marine Le Pen a succédé à Jean-Marie Le Pen en prenant en 2011 la tête du FN dont elle finira, quatre ans plus tard, par exclure son père.