Le secrétaire à la défense américain, James Mattis, est arrivé lundi 24 avril en Afghanistan, au moment où l’administration Trump réévalue sa stratégie dans ce pays, où les talibans multiplient les actions violentes et gagnent du terrain. M. Mattis doit rencontrer des responsables afghans et des soldats américains à Kaboul.

Cette visite a lieu alors que le ministre de la défense afghan et le chef d’état-major des armées ont démissionné après l’attaque par les talibans d’une base militaire à Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays, qui a coûté la vie à plus de 140 soldats la semaine passée. « Le président Ashraf Ghani a accepté la démission du ministre de la défense et du chef d’Etat-major », le général Qadam Shah Shahim, a fait savoir le bureau de la présidence dans un communiqué.

Les autorités ont été vivement critiquées durant le week-end par les observateurs et experts qui demandaient notamment des sanctions contre le ministre, Abdullah Habibi, lui reprochant son incapacité à assurer la protection des citoyens et même celle des bases militaires. Un commando d’au moins dix talibans lourdement armés a attaqué plus de cinq heures durant la plus grande base militaire du nord du pays, près de la ville de Mazar-e-Charif.

Manque de transparence et soupçons de complicités internes

C’est la deuxième attaque d’envergure en quelques semaines contre des sites militaires après celle, au début de mars, du grand hôpital militaire de Kaboul, qui avait fait des dizaines de morts. Dans les deux cas, le ministère de la défense a été accusé de manque de transparence et de minimiser les bilans. Les autorités s’en tiennent officiellement à « plus de cent tués et blessés ».

Les soldats ont été fauchés à la mosquée ou au réfectoire, désarmés, par dix hommes en uniforme arrivés à bord de camions militaires avec fusils-mitrailleurs et vestes explosives. Les talibans, qui combattent le gouvernement et les troupes étrangères, ont revendiqué l’opération, affirmant avoir fait 500 morts — mais ils sont coutumiers de bilans surévalués.

Des sources militaires à l’intérieur de la base du 209e corps d’armée, citées par des médias, ont évoqué des bilans allant de 130 à 160 morts. Un officier afghan interrogé par l’AFP sous couvert de l’anonymat a ainsi estimé le bilan à « 150 morts ». L’ampleur de l’attaque a soulevé des soupçons de complicités internes.

Pour Atiqullah Amarkhail, analyste joint par l’AFP, le désastre de Mazar-i-Charif est d’abord imputable au « fiasco total des services de renseignements qui se répète. Nous sommes face à une guérilla avec des combattants qui attaquent par petits groupes et causent d’énormes dégâts. On devrait apprendre à contrer leurs tactiques ».