Photo fournie par RFI. Ahmed Abba en juillet 2015 dans les rues de Maroua, dans le nord du Cameroun, peu avant son arrestation. | RFI / AFP

La sentence est tombée, froide comme un couperet. Ahmed Abba a échappé à la peine de mort, requise dans un premier temps par le parquet, mais la justice camerounaise n’a cependant montré aucune clémence à l’égard du correspondant en langue haoussa de Radio France internationale (RFI) dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Il a été condamné, lundi 24 avril, à dix ans de prison. Le tribunal militaire de Yaoundé l’avait reconnu quatre jours plus tôt coupable de « non-dénonciation d’acte terroriste » et de « blanchiment du produit d’acte terroriste ». Il avait en revanche abandonné l’accusation d’« apologie d’acte terroriste », obligeant le commissaire du gouvernement, l’équivalent d’un procureur militaire, à demander aux juges que soit infligée au journaliste une peine d’emprisonnement à vie au lieu de la peine de mort.

Depuis le 30 juillet 2015 et son arrestation à Maroua, Ahmed Abba, n’a cessé d’affirmer qu’il n’a jamais entretenu de liens avec les djihadistes de Boko Haram, en guerre ouverte avec l’Etat camerounais. Quand cela lui était possible. Deux semaines après avoir été arrêté, il a été envoyé à Yaoundé, la capitale, retenu au secret pendant trois mois dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure, où d’après sa déposition à la barre, les services de renseignement camerounais l’ont torturé. Son calvaire s’est poursuivi en prison où il a été enchaîné pendant plusieurs jours.

La défense de Ahmed Abba qui clame toujours son innocence a déjà annoncé qu’elle fera appel.