paris le 23 avril 2017. Soirée électorale de Jean Luc Mélenchon au Belushi's // Discours de Jean Luc Melenchon | CYRIL BITTON / FRENCH POLITICS POUR LE MONDE

Le candidat de La France insoumise, arrivé en quatrième position du premier tour de la présidentielle du 23 avril, a refusé de donner une consigne de vote à ses soutiens et à ses électeurs. Jean-Luc Mélenchon s’en remet à ces derniers pour décider de la position du parti :

« Je n’ai reçu aucun mandat des 450 000 personnes qui ont décidé de présenter ma candidature pour m’exprimer à leur place sur la suite. Elles seront donc appelées à se prononcer sur la plate-forme et le résultat de leur expression sera rendu public. »

Le FN au second tour de la présidentielle

Le ton était radicalement différent, dans le même contexte, il y a quinze ans. En avril 2002, alors que le premier tour de la présidentielle voit Jean-Marie Le Pen se qualifier au second tour face au président sortant Jacques Chirac, Jean-Luc Mélenchon, alors membre du Parti socialiste (PS), prend fermement position contre le Front national (FN). Dans une tribune au Monde, le ministre de l’enseignement professionnel en fin de mandat parle d’une affiche de second tour « indécente ».

« J’affirme clairement que tout atermoiement dans les rangs de gauche nous expose au minimum à une nouvelle avancée de l’extrême droite qui dégradera davantage le rapport de force social et politique de la gauche aux législatives. »

A quelques jours du second tour, Jean-Luc Mélenchon développe alors une stratégie de recomposition de la gauche. Le message est sans ambiguïté :

« Plus nous aurons réduit Le Pen avec le bulletin de vote Chirac, plus forts nous serons pour débarrasser ensuite le pays de ce dernier aux législatives (…) ; nous pouvons inverser la course à l’abîme qui menace le pays à cette heure. »

La défaite de Lionel Jospin au premier tour et la qualification de Jean-Marie Le Pen constituent un moment historique. C’est la première fois que l’extrême droite française accède au second tour de la présidentielle. Il n’est pas étonnant que M. Mélenchon, dans ce contexte, ait appelé à voter Chirac, étant lui-même issu du gouvernement.

Mélenchon à Hénin-Beaumont

Pour faire face à Marine Le Pen dans son fief d’Hénin-Beaumont lors des législatives de 2012, Jean-Luc Mélenchon se présente dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. La défaite sera dure. Marine Le Pen arrive première avec 42,36 % des voix, suivie de Philippe Kemel (PS). Mélenchon arrive, lui, sur la troisième marche du podium avec 21,48 % des suffrages.

Emu, le candidat du Front de gauche appellera à voter pour le candidat du PS, comme le rapporte Le Figaro : « J’exprime mon soutien à la candidature de M. Kemel pour le deuxième tour et je lui souhaite bonne chance face à Madame Le Pen. »

Le ton se veut moins dur face au FN en 2015, lors des élections départementales et régionales. A l’issue des départementales de mars, le Parti de gauche ne donne aucune consigne de vote pour le second tour. Le parti d’extrême gauche pointe la responsabilité des partis au pouvoir. « La droite est menaçante, mais la seule responsabilité est du côté de l’Elysée et de Matignon », explique Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche dans Le Figaro.

Avant même le résultat du premier tour de cette élection de mars 2015, Jean-Luc Mélenchon avait demandé à ses soutiens de « se mêler le moins possible du débat arrangé d’avance sur le front républicain, union des grenouilles et des moustiques pour se protéger du héron », rapporte Libération.

« Faire confiance à l’intelligence du peuple souverain »

Le scénario se répète, quelques mois plus tard, en décembre 2015 lors des élections régionales. Jean-Luc Mélenchon se refuse à donner des consignes de vote pour les circonscriptions où la gauche n’est pas représentée et où le FN a donc une chance de l’emporter : « Plutôt la droite que le FN ? A condition qu’il y ait une différence ! (…) Faire barrage à l’extrême droite sans aucune exigence ni engagement préalable sur les principes essentiels est un blanc-seing très dangereux. Le seul choix honorable en démocratie, c’est d’assumer le combat d’idées en faisant confiance à l’intelligence du peuple souverain. »

A cette époque, Jean-Luc Mélenchon, qui a souvent eu des relations conflictuelles avec les médias, accuse certains d’entre eux d’être responsables de la montée du FN : ce dernier bénéficierait, selon lui, de trop de temps médiatique.