L’indice japonais Nikkei 225 sur un panneau d’affichage de Tokyo, en mars. | Eugene Hoshiko / AP

Aussitôt les premières estimations connues alors que Sydney se réveillait, l’euro a bondi de 2 % par rapport à vendredi, jusqu’à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Il retombait ensuite autour de 1,0860 dollar.

« C’est le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément », a commenté pour l’agence Bloomberg News Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York, après le vote du Brexit en juin dernier au Royaume-Uni et l’accession du protectionniste Donald Trump à la Maison Blanche outre-Atlantique.

Vis-à-vis de la devise nippone, la monnaie unique est montée à 120,91 yens, contre 117,07 yens deux jours avant, avant de repasser sous la barre des 120 yens. Le dollar a lui aussi grimpé, à 110,64 yens (contre 109,15 yens).

Un marché sur ses gardes

« La réaction initiale des marchés a été plus forte que prévu, signe qu’ils étaient sur leurs gardes », a réagi Yuji Saito, analyste des changes au Credit Agricole, basé à Tokyo. « Il y avait de quoi être prudent. C’était une course serrée entre quatre candidats à l’issue difficile à prédire ».

A la Bourse de Tokyo, première grande place financière à ouvrir dans la foulée du scrutin français, le Nikkei gagnait 1,5 % dans les premiers échanges.

Pour les investisseurs, le jeu semble déjà fait: « ils considèrent pour acquis le fait qu’Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines », a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank.

La perspective d’une « dislocation » de l’UE s’éloigne

Selon deux sondages publiés dimanche soir, M. Macron, ex-banquier qui se veut « ni de droite ni de gauche », s’imposerait avec 62 ou 64 % des voix le 7 mai. L’écrasante majorité de la classe politique française a appelé à « faire barrage » à l’extrême droite, qualifiée pour la deuxième fois dans l’histoire du parti Front national, créé en 1972.

Pour le monde économique s’éloigne donc le spectre d’une victoire de l’héritière Marine Le Pen, 48 ans, qui veut en finir avec l’euro et la libre circulation dans l’espace européen de Schengen. Cela risquerait de provoquer un « désordre majeur » et une « dislocation » de l’Union européenne, avait averti la semaine dernière la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.

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Ne pas « tomber dans l’euphorie »

Les marchés craignaient aussi une accession au second tour du candidat de « La France insoumise » Jean-Luc Mélenchon, devenu héraut de la gauche radicale, très critique sur l’UE et la mondialisation.

« Les marchés sont rassurés d’échapper au redouté duel Le Pen-Mélenchon », a confirmé dans un commentaire Diego Iscaro, économiste chez IHS Markit. « Cependant, beaucoup de choses peuvent se produire en deux semaines ».

M. Saito a lui aussi appelé à la vigilance. « Que va-t-il se passer entre aujourd’hui et le second tour ? Scandale, attaques terroristes, tout est possible », avertit-il.  « Nous ne sommes certainement pas en position de tomber dans l’euphorie ».