Les principaux responsables du parti Les Républicains, lundi 24 avril à Paris. | MARTIN BUREAU / AFP

Sans même attendre le second tour, la droite a déjà tourné la page de l’élection présidentielle. Place désormais aux législatives (les 11 et 18 juin) pour imposer une cohabitation au futur président élu le 7 mai. « Nous voulons et nous pouvons gagner les législatives », a ainsi lancé le président du Sénat, Gérard Larcher, mardi 25 avril sur RTL. Pour Laurent Wauquiez, sur son compte Twitter mercredi, « rien ne serait pire que de se lancer dans des règlements de compte. On doit se tourner vers l’avenir : cap sur les législatives. »

Mais cette nouvelle campagne se fera sans François Fillon, qui a annoncé lundi au cours d’un bureau politique Les Républicains (LR) son retrait momentané de la vie politique. En redevenant un « militant de cœur parmi les autres », il renonce à mener le « combat » des législatives : « Je n’ai plus la légitimité pour le livrer avec vous. » C’est donc le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, qui a été chargé lundi de mettre en place une direction de campagne collégiale.

Reste à trouver un projet. Si Eric Woerth en a la charge, les responsables de la droite semblent d’accord sur un point, ce ne sera pas celui présenté par François Fillon à la présidentielle. « Il faut un nouveau projet collectif pour les législatives », a affirmé Brice Hortefeux, sur Europe 1.

« Dans une campagne, on s’adresse à tous les Français, et pas à certains Français. Certains ont vu dans le programme [de François Fillon] beaucoup d’efforts demandés sans qu’il y ait de contreparties, notamment pour les plus défavorisés. »

« Il faut renouveler les idées politiques »

Une vision partagée par Eric Woerth, qui pense que « la droite est majoritaire dans le pays » : « Il faut essayer de construire quelque chose de cohérent (…) qui puisse permettre le redressement du pays », a-t-il affirmé mardi matin sur France 2.

Pour réussir cette campagne, le député de l’Oise estime qu’il faut « retrouver les catégories populaires qui n’ont pas voté pour nous. On n’a pas su leur parler, on n’a pas su parler aux jeunes non plus ». En effet, selon une étude Ipsos pour Le Monde, seuls 9 % des 18-24 ans et 5 % des ouvriers ont voté pour François Fillon dimanche au premier tour.

Alors pour éviter une nouvelle déroute aux législatives, Alain Juppé a donné le ton, lundi. De Bordeaux, il a appelé son parti à revoir sa « ligne politique » après « l’échec » de François Fillon. « La question est de savoir si demain, il y aura à droite une composante humaniste, libérale et européenne qui pourra peser pleinement de son poids. Voilà l’enjeu de cette rénovation », en vue notamment des élections législatives, a précisé l’édile de Bordeaux.

Sur son compte twitter, mardi, le maire LR de Tourcoing, Gérald Darmanin, a également prévenu son camp : « Une partie de nos électeurs “historiques” votent Le Pen, mais beaucoup votent aussi Macron. On continue comme avant et avec la même ligne politique ? »

Discret jusqu’ici, après s’être mis en retrait de la campagne de M. Fillon, Bruno Le Maire a de nouveau plaidé pour un renouvellement au sein de son parti. D’après le quotidien L’Opinion, le candidat malheureux à la primaire de la droite (arrivé cinquième avec 2,4 % des voix) préparerait une tribune, cosignée par une quarantaine de candidats aux législatives, appelant à voter Emmanuel Macron et à clarifier la ligne politique de la droite. Sur BFM-TV mardi matin, il a reproché à la droite de ne pas avoir voulu « se réinventer depuis 2012 ».

« Il faut renouveler à droite les visages, les têtes, les idées politiques. Nous n’avons pas voulu nous ouvrir à la réalité de la société française. La droite ne peut pas continuer comme ça. Elle doit se renouveler de fond en comble. »

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