La compagnie aérienne italienne risque désormais la liquidation, selon les médias italiens. | ALBERTO PIZZOLI / AFP

Les salariés d’Alitalia ont rejeté à une courte majorité, lundi 24 avril, un plan de relance drastique. Il était présenté comme celui de la dernière chance pour la compagnie aérienne italienne qui risque désormais la liquidation, rapportent les médias italiens.

Près de 90 % des quelque 12 500 membres du personnel ont participé à la consultation entre jeudi et lundi après-midi. Dans la soirée, le non a dépassé la barre des 50 % bien avant la fin du dépouillement. Les salariés ont ainsi rejeté ce plan prévoyant 1 700 suppressions d’emploi et une baisse de salaire de 8 %, alors que le gouvernement, qui a fait office de médiateur ces dernières semaines, avait répété tout le week-end qu’il n’y avait pas d’alternative.

En effet, les caisses de la compagnie sont à sec et les actionnaires (Etihad Airways qui détient 49 % depuis 2014, UniCredit, Intesa Sanpaolo, etc.) n’entendaient pas remettre la main à la poche en cas de rejet de l’accord.

Le conseil d’administration d’Alitalia a été convoqué mardi – férié en Italie – « pour une évaluation du résultat négatif de la consultation », a annoncé la compagnie dans un court communiqué. L’hypothèse la plus probable est celle d’une activation de la procédure d’« administration extraordinaire » publique en vue d’une hypothétique reprise ou d’une liquidation.

Pas d’intervention de l’Etat prévue

« Ils nous ont fait payer à nous toutes les crises. Nous sommes en colère. Ce nouveau plan ne sert à rien », a expliqué un pilote de ligne à La Stampa, assurant que la compagnie se retrouverait « au même point dans neuf mois ».

L’Union syndicale de base (USB, un syndicat marqué très à gauche) a réclamé dans un communiqué « la réouverture immédiate des négociations » après « le non des salariés ». Mais le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, a été clair samedi : « Je sais bien que l’on demande des sacrifices aux salariés, mais sans un accord sur le nouveau plan industriel, Alitalia ne pourra pas survivre. » M. Gentiloni a d’ailleurs réuni lundi après-midi plusieurs ministres concernés pour attendre les résultats de la consultation.

La semaine dernière, Carlo Calenda, ministre du développement économique, avait insisté : « Ceux qui espèrent une intervention de l’Etat se leurrent. » En cas de rejet de l’accord, « il y aura seulement une très brève période d’administration extraordinaire, environ 6 mois, et ensuite l’accompagnement vers la liquidation de la compagnie ». Cette mesure risque d’ailleurs de coûter « plus d’un milliard d’euros » à l’Etat italien en rejetant sur lui « tous les coûts de la gestion ou de la liquidation » de la compagnie, avait-il ajouté.

La compagnie Alitalia subit de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coût et accumule les pertes depuis des années, et ce malgré l’entrée à son capital en 2014 de son homologue émiratie Etihad et des fonds injectés par celle-ci.