Dimanche 23 avril, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon sont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle dans un mouchoir de poche. Un mouchoir d’à peine plus d’un million et demi de voix – 1 596 441, pour être précis.

Cette situation est inédite depuis l’instauration du suffrage universel pour la présidentielle, en 1965. Des écarts réduits se sont déjà produits entre le premier et le quatrième, comme en 1995 entre Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen ou en 2002 entre Jacques Chirac et François Bayrou, mais jamais d’une telle ampleur.

Le plus faible écart de voix depuis le début de la Ve République

Ecart de voix entre le premier et le quatrième du premier tour de la présidentielle depuis 1981

En 2007, il y avait plus de sept millions de voix entre Nicolas Sarkozy (alors 1er) et Jean-Marie Le Pen (4e) : un écart presque cinq fois plus important qu’aujourd’hui. En remontant plus loin encore, en 1974, on décomptait plus de dix millions de voix de différence entre François Mitterrand et Jean Royer, le candidat de droite arrivé quatrième du premier tour.

Bien entendu, le contexte politique a bien changé en un demi-siècle. Cet écart de voix au plus bas est peut-être un symptôme de plus de l’épuisement des partis traditionnels.

153 000 voix entre Fillon et Mélenchon

Autre record pour le premier tour de 2017 : celui de l’écart le plus faible entre deux candidats principaux. Avec 152 912 voix entre eux – l’équivalent de la population de la ville de Dijon – les candidats de La France insoumise et des Républicains n’ont jamais été aussi proches pour la troisième place.

Même constat pour la course à la seconde place : il a manqué moins de 466 000 voix à François Fillon pour atteindre le second tour à la place de Marine Le Pen.

Pour trouver d’autres écarts aussi faibles, il faut remonter à 2002, lorsque Lionel Jospin était à 194 000 voix de Jean-Marie Le Pen. Situation similaire en 1995, quand Edouard Balladur était alors à 690 000 bulletins du second tour et de Jacques Chirac.

Face à un paysage politique en pleine recomposition, il est plus vrai que jamais d’affirmer que chaque voix compte.