Le pape François lors de sa conférence TED. | TED

C’est un invité un peu particulier qu’accueillait la conférence Ted de Vancouver, ce 25 avril : le pape François. Les conférences TED, connues pour leur format court, accueillent chaque année dans plusieurs villes du monde des personnes généralement issues du monde des nouvelles technologies et de la science, pour des présentations rythmées visant à faire réfléchir un public souvent issu du monde des start-up. On y parle rarement de religion – et la présence d’un pape y est une première.

Dans sa conférence d’une vingtaine de minutes, filmées depuis le Vatican, le pape François s’est adressé assez directement à la Silicon Valley. « Ce n’est qu’en éduquant les gens à la vraie solidarité que nous pourrons éradiquer la culture du gaspillage, qui ne concerne pas seulement la nourriture et les objets, mais avant tout les gens qui sont laissés sur le bord de la route par nos systèmes technico-écnomique qui, sans même y penser, se concentrent sur des produits, et non sur les gens », a-t-il dit. « Comme ça serait merveilleux si la croissance de l’innovation scientifique et technologique créait plus d’égalité et de cohésion sociale ! »

« Je sais que les conférences TED rassemblent beaucoup d’esprits créatifs. Eh oui, l’amour [de son prochain] requiert une attitude créative, concrète et ingénieuse. Les bonnes intentions et les formules convenues, que nous utilisons trop souvent pour apaiser nos consciences, ne suffisent pas », a poursuivi le pape François. Appelant à « la tendresse », il a également estimé que le changement ne viendrait pas uniquement « des élus, des grands leaders, des grandes entreprises ». « Oui, ils ont une responsabilité gigantesque. Mais l’avenir, avant tout, est entre les mains des hommes qui reconnaissent l’autre comme un individu, et eux-mêmes comme un élément du “nous”. »

Citant mère Thérésa et la parabole du bon Samaritain, le pape a également évoqué la crise des migrants : « Moi-même, je suis né dans une famille de migrants ; mon père, mes grands-parents, comme beaucoup d’autres Italiens, sont partis en Argentine et ont connu le destin de ceux qui ont tout quitté. J’aurais très bien pu devenir moi aussi un laissé-pour-compte. C’est pourquoi je m’interroge encore au plus profond de moi : pourquoi eux et pas moi ? »