Les autorités burundaises ont refusé l’entrée sur leur territoire d’un convoi d’aide alimentaire en provenance du Rwanda, pays qu’elles accusent d’attiser la crise politique au Burundi, a-t-on appris mardi 25 avril auprès de l’ONU et de la police.

Le convoi de dix camions transportant 300 tonnes de nourriture est arrivé vendredi à la frontière entre le Rwanda et le Burundi. « Les formalités douanières ont été faites mais la police n’a pas laissé passer le convoi », a expliqué mardi la directrice adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM) au Burundi, Nicole Jacquet, lors d’une conférence de presse à Bujumbura.

Cette aide était destinée à 100 000 personnes, des réfugiés congolais installés au Burundi mais également des Burundais. Quelque 3 millions de Burundais ont besoin d’une aide alimentaire en raison de la grave crise politique qui secoue le pays depuis deux ans et d’une baisse des récoltes.

Cette aide alimentaire avait été achetée par « la centrale d’achat du PAM » du Rwanda dans ce pays pour minimiser les coûts. La police et le ministère de l’intérieur burundais ont fait savoir au PAM qu’il y avait « un problème de sécurité » et, a ajouté Mme Jacquet, « les camions sont repartis mardi matin sur Kigali ».

« Informations mensongères »

Le porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye, a justifié cette décision par le fait que, depuis 2015, « des criminels ont été appréhendés (alors qu’ils) venaient du Rwanda pour tuer des leaders ici ou commettre d’autres crimes ».

« Depuis 2015, il y a eu une insécurité dans notre pays en provenance du Rwanda. Maintenant, le mal sécuritaire vient de là-bas et donc, si aujourd’hui il y a des objets ou des personnes qui proviennent de cet endroit-là, on doit prendre des mesures », a-t-il expliqué.

De nombreux messages de proches du pouvoir ont accusé ces derniers jours le PAM et le Rwanda de chercher à « empoisonner » les Burundais. « Ce sont des informations mensongères. Le PAM est toujours auprès du Burundi pour soutenir la population en insécurité alimentaire », a assuré Mme Jacquet.

Le Burundi accuse depuis le début de la crise le Rwanda d’en être l’instigateur et d’avoir créé des groupes rebelles d’opposants burundais, ce que Kigali a toujours nié. Depuis, les relations entre les deux pays sont très tendues, alors que de nombreux incidents ont été signalés à la frontière commune.

Le 25 avril 2015, l’annonce de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat controversé avait déclenché un vaste mouvement de contestation populaire, sévèrement réprimé, et plongé le pays dans la crise. En deux ans, violences, exécutions extrajudiciaires, assassinats politiques et disparitions forcées ont fait entre 500 morts, selon l’ONU, 2 000 selon les ONG, et poussé 400 000 Burundais à l’exil.