Vincent Collet (au centre), ses adjoints Ruddy Nelhomme et Jacky Commères et le capitaine Boris Diaw (à gauche), durant les Jeux olympiques de Rio. | MARK RALSTON / AFP

Le maître d’école est resté le même, le délégué aussi, mais la classe est surchargée : ces prochaines années, l’équipe de France de basket accueillera une quarantaine de pensionnaires, toujours cornaqués par le sélectionneur Vincent Collet et le capitaine Boris Diaw.

Lors d’une conférence de presse, mercredi, au siège de la Fédération (FFBB), Vincent Collet a égrené le nom de 37 joueurs du groupe baptisé, en bon français, Team France, jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. La liste pourra être amendée chaque année.

L’ampleur du collectif tient compte des refus ponctuels de certains joueurs et d’un nouveau calendrier de compétitions, qui place des rencontres internationales en concurrence avec des matches en club : la plupart des matches qualificatifs pour la Coupe du monde 2019 seront disputés en même temps que les saisons de NBA, d’Euroligue et d’Eurocoupe, les plus prestigieuses compétitions européennes, à moins d’un accord de ces dernières avec la fédération internationale.

Ainsi, sur les 37 joueurs, 9 évoluent aux Etats-Unis, 9 dans des clubs d’Euroligue et d’Eurocoupe et 19 dans d’autres équipes, essentiellement françaises (15). Ce relatif équilibre sera bousculé l’an prochain, avec l’intégration de certains dans des franchises NBA ou de grands clubs européens. Avec ce groupe, la France peut voir jusqu’à Tokyo et même au-delà : 17 joueurs ont 25 ans ou moins.

Les 37 du « Team France »

Meneurs : Antoine Diot (Valence), Andrew Albicy (Andorre), Léo Westermann (Kaunas), Frank Ntilikina (Strasbourg), Thomas Heurtel (Efes Istanbul)

Arrières : Yakuba Ouattara (Monaco), Axel Bouteille (Chalon), Axel Toupane (La Nouvelle-Orléans), Rodrigue Beaubois (Vitoria), Edwin Jackson (Estudiantes Madrid), Fabien Causeur (Bamberg), Nando De Colo (CSKA Moscou), Evan Fournier (Orlando), Nicolas Lang (ASVEL)

Ailiers : Charles Kahudi (ASVEL), Nicolas Batum (Charlotte), Jérémy Leloup (Strasbourg), Paul Lacombe (Strasbourg), Nobel Boungou-Colo (Khimki Moscou), Timothé Luwawu-Cabarrot (Philadelphie)

Ailiers forts : Ousmane Camara (Limoges), Boris Diaw (Utah), Livio Jean-Charles (ASVEL), Louis Labeyrie (Paris-Levallois), Amath M’Baye (Brindisi), Adrien Moerman (Darussafaka Istanbul), Kim Tillie (Vitoria), Joffrey Lauvergne (Chicago), Guerschon Yabusele (Maine Red Claws)

Pivots : Kévin Séraphin (Indiana), Rudy Gobert (Utah), Mathias Lessort (Nanterre), Vincent Poirier (Paris-Levallois), Mouhammadou Jaiteh (Strasbourg), Alpha Kaba (Mega Leks), Moustapha Fall (Chalon)

Charte sans contraintes

Ces 37 joueurs ont dû signer une charte les liant jusqu’aux JO de Tokyo. « Un document éthique, un code de bonne conduite (…) avec engagement de mise à disposition sur l’ensemble de la préparation olympique », détaille le directeur technique national Patrick Beesley, dans un triple objectif : « Mobiliser les joueurs sur la nouvelle olympiade et cela, quel que soit le contexte ; sensibiliser l’ensemble de nos talents sur le nouveau concept, [qui est] de ne plus avoir un effectif pérenne et stable ; responsabiliser les joueurs pour dépasser leur situation personnelle. »

Traduction : les joueurs évoluant dans le championnat de France, c’est-à-dire d’un niveau inférieur aux autres, ont été prévenus qu’ils seraient réquisitionnés pour les rencontres qualificatives pour la Coupe du monde 2019 mais ne seraient probablement pas en phase finale l’été, lorsque les meilleurs pourront se libérer de leur club. « La volonté est qu’il n’y ait pas de non-dit », a insisté Collet.

Tout le défi pour le sélectionneur sera de faire respecter cet engagement et d’éviter les psychodrames.

La charte a tous les atours d’un gadget : aucune sanction n’est prévue pour un joueur refusant une sélection pour des raisons personnelles, comme Nicolas Batum cet été, et elle n’aura aucun poids dans les négociations avec les franchises refusant de libérer leurs joueurs. Ne pas la signer veut, en revanche, dire beaucoup : l’absence dans la liste d’Alexis Ajinça et Ian Mahinmi, pivots NBA, confirme leur retraite internationale.

« Plus que la charte, c’est le concept du Team France qu’il faut retenir », a d’ailleurs confirmé Vincent Collet.

Pour le présenter, la Fédération avait préparé une vidéo où plusieurs joueurs français clament leur amour du maillot bleu et des rassemblements internationaux.

Parmi eux, Edwin Jackson qui, en 2015 et à l’âge de 25 ans, avait annoncé sa retraite internationale après avoir appris qu’il ne serait pas retenu pour l’Euro de basket. Après une saison remarquable en Espagne (meilleur marqueur du championnat), il devrait probablement faire son retour avec les Bleus lors du prochain Euro, en septembre.

L’équipe de l’Euro se précise

Evan Fournier, ici face à Jimmy Butler, a donné son accord pour rejoindre l’équipe de France cet été. Il a marqué 17,2 points par match cette saison avec Orlando. | Matt Marton / AP

L’Euro, joué en Finlande puis en Turquie, sera le premier acte de la refondation des Bleus après l’ère Tony Parker, achevée sans gloire aux Jeux olympiques de Rio (nette défaite face à l’Espagne en quarts de finale). Il se prépare dès le printemps, loin du faste des play-offs NBA auxquels participent six Tricolores – dont Mahinmi et Parker, qui ne seront pas à l’Euro.

Après la fin de la saison régulière, Vincent Collet a reçu une bonne et une mauvaise nouvelle : le forfait de Nicolas Batum et le retour d’Evan Fournier. Le premier était le leader autoproclamé de l’équipe après la retraite de Parker. Mais après une saison en demi-teinte avec Charlotte, Batum a souhaité consacrer son été « à (sa) franchise », lui qui fut de toutes les campagnes internationales depuis le début de sa carrière. Il risque ainsi de ne disputer aucun match avec la France entre août 2016 et août 2019 et laissera les rênes à Nando De Colo, à nouveau candidat au titre de meilleur joueur d’Euroligue cette saison.

Suspense pour Rudy Gobert

Fournier a surnagé dans la saison cauchemardesque du Orlando Magic et surmonté sa rancœur de l’été dernier, lorsqu’il n’avait pas été appelé au Brésil par Vincent Collet. Sa colère n’est pas éteinte, a-t-il précisé, mais « l’équipe de France, c’est si important… »

Rudy Gobert, ici lors des JO de Rio, n’a aucune certitude quant à sa présence à l’Euro après une saison réussie dans l’Utah. | ANDREJ ISAKOVIC / AFP

Le suspense demeure pour le meilleur Français de la saison américaine, le pivot Rudy Gobert, dont le Utah Jazz est bien placé pour atteindre le deuxième tour des play-offs. Le DTN Patrick Beesley a tenté la semaine dernière de convaincre sa franchise de le libérer cet été mais la blessure, sans gravité, du Français au début des play-offs ne plaide pas en faveur de sa libération.

A ce poste-clé, le réservoir du Team France semble moins élevé qu’ailleurs : de la présence du géant de Salt Lake City dépendra en partie le résultat des Bleus à l’Euro, et donc la dynamique de l’olympiade.