Les Français (74 %) plus encore que les Européens (67 %) sont satisfaits de leurs infrastructures routières. | PASCAL PAVANI / AFP

L’équivalent d’une grosse journée de travail – soit 9 h 35 –, c’est le temps passé chaque semaine dans les transports par les Européens nous apprend le premier Baromètre de la mobilité en Europe. Cette étude, réalisée par Ipsos pour le compte du cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG), est l’une des plus vastes mises en œuvre sur le thème des mobilités. Dix mille personnes ont été interrogées du 23 février au 28 mars, soit 1 000 dans dix pays parmi les plus peuplés de l’Union européenne : Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Irlande, Belgique, Portugal, Grèce, Slovaquie. Seul le Royaume-Uni manque à l’appel.

Mais le principal enseignement de ce sondage multinational, c’est la prépondérance de la voiture dans la mobilité des Européens. Sur le continent qui a inventé l’automobile, sa domination est manifeste – impressionnante même. Sur les près de dix heures hebdomadaires passées à se déplacer en moyenne en Europe (un chiffre qui tombe à 7 h 12 en France) 3 h 14 se font en voiture, soit autant que toutes les formes de marche à pied (3 h 18) et très loin devant l’ensemble des transports en commun (1 h 40), le vélo (39 minutes) ou l’utilisation d’un deux-roues motorisé (16 minutes).

Surtout, ce qui frappe, c’est l’hégémonie de la voiture dans les transports du quotidien en particulier en France : pour se rendre sur le lieu de travail ou d’étude (67 % en France contre 61 % en Europe), pour transporter les enfants à l’école ou au sport (69 % contre 56 %), pour faire de grosses courses alimentaires (86 % contre 73 %)…

Confiance dans l’innovation

Pas de doute, les Français aiment la voiture. D’ailleurs, nos compatriotes (74 %) plus encore que les Européens (67 %) sont satisfaits des infrastructures routières. Ce qui leur déplaît en revanche, ce sont les mauvaises conditions de déplacement : 58 % des sondés français se disent mécontents de la fluidité du trafic aux heures de pointe (un score identique à la moyenne européenne).

Pour échapper aux embouteillages, les « navetteurs » sont-ils prêts à renoncer à la voiture ? La réponse est un tantinet ambiguë. Près des deux tiers des Européens appellent de leurs vœux des investissements dans les infrastructures de transport, jugés insuffisants, en particulier en matière d’intermodalité. Une même proportion des citoyens des dix pays interrogés seraient prêts à renoncer à la voiture si des investissements conséquents facilitaient les transports en commun ou le covoiturage.

Mais, même dans ces conditions, l’attachement à la voiture reste fort, laissant supposer que sa domination n’est pas près de s’arrêter. En France, 40 % des Français continueraient à privilégier l’automobile, y compris si les investissements jugés primordiaux étaient réalisés. Un taux qui atteint 45 % en Belgique et 50 % en Allemagne.

Autre signe qu’un bel avenir attend la bonne vieille voiture : pour 72 % des Français et 77 % des Européens, les innovations du type véhicule électrique et autonome, auront des conséquences positives sur leur vie de tous les jours. Pour l’ensemble des sondés, ce sont d’abord les développements des infrastructures intelligentes capables de s’adapter aux conditions de circulation qui changeront le plus la donne en matière de mobilité. En revanche le partage de la voiture plutôt que sa possession convainc beaucoup moins les personnes interrogées.