Les estimations réalisées dimanche 23 avril à 20 heures, soir du premier tour, ont globalement été assez précis, alors même que la fermeture de très nombreux bureaux de vote à 19 heures (au lieu de 18 heures habituellement) ôtait une heure aux instituts de sondage pour livrer leurs estimations. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

C’est peu dire que l’élection présidentielle de cette année a réservé bien des surprises : des vainqueurs des primaires de la gauche et de la droite aux affaires judiciaires de deux des favoris, Marine Le Pen et François Fillon, en passant par les poussées inattendues d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon, beaucoup de choses ont concouru à rendre la campagne imprévisible.

Dans ce contexte de grande incertitude, les sondages ont pris une importance accrue, alors même que la défiance à leur égard s’est renforcée depuis que leurs homologues britanniques et américains n’ont pas tous su prévoir le « Brexit » ou l’élection de Donald Trump en 2016. Pourtant, la plupart d’entre eux ont vu juste.

Des estimations assez justes et quelques imprécisions

Nous avons étudié sept séries de sondages qui ont accompagné toute la campagne présidentielle : BVA, Elabe, Odoxa, Harris interactive, Ipsos, ainsi que les deux séries de sondages « rolling » d’OpinionWay et de l’IFOP (il s’agit de sondages glissants où cinq cents personnes sont interrogées chaque jour et où le résultat publié agrège les réponses des trois derniers jours).

Six des sept sondages ont correctement mesuré le classement des intentions de vote des six premiers candidats (Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Nicolas Dupont-Aignan), le sondage BVA du 21 avril avait, lui, mesuré légèrement plus d’intentions de vote pour M. Mélenchon (19,5 %) que pour M. Fillon (19 %) (M. Mélenchon ayant fini à 19,58 %, il s’avère que c’est ici le vote Fillon qui a été sous-estimé).

Contrairement à ce que faisait craindre l’ascension d’Emmanuel Macron, novice en politique dont l’électorat est longtemps resté indécis, avant de se solidifier, les études d’opinion ont su évaluer les intentions de vote en sa faveur avec une précision convenable compte tenu des marges d’erreur : les sondages l’ont donné entre 23 % et 24,5 % pour un score définitif de 24,01 %.

L’érosion de François Fillon ou de Marine Le Pen, tout comme la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon au cours des quatre dernières semaines de la campagne se sont aussi confirmées dans les urnes. Il est notable que la chute de Benoît Hamon, corollaire de la montée de son concurrent « insoumis », a finalement été un peu plus importante qu’annoncé, le candidat socialiste finissant à 6,36 %, là où les études d’opinion mesuraient toutes entre 7 % et 8 % d’intentions de vote, le 21 avril.

Peu de surprises relatives aux plus petits candidats en revanche, si l’on excepte Jean Lassalle qui finit devant Philippe Poutou (1,21 % contre 1,09 %) alors même que le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) était crédité de 1,5 % à 2 % d’intentions de vote, contre 0,5 % à 1 % pour le candidat de Résistons !

Comparaison des sondages avec le premier tour de la présidentielle 2017

Sondages du 21 avril 2017 (sauf celui de Harris Interactive, daté du 20 avril)

Premier tour

Sélectionnez un sondage :

Moyenne des sondages

Ipsos

Ifop

OpinionWay

Harris interactive

BVA

Odoxa

Elabe

Il n’est bien sûr pas possible d’étudier la précision de ces séries de sondages dans le temps, c’est-à-dire sur la durée de la campagne, car ceux-ci n’ont pas de valeur prédictive et ne sont que des photographies de l’opinion à des moments particuliers. Mais ces photographies successives ont a priori plutôt bien reflété les dynamiques de campagne observées sur le terrain et dans les réunions publiques tenues par les candidats.

Des estimations assez fiables le soir du 1er tour

Les estimations réalisées dimanche 23 avril à 20 heures, soir du premier tour, ont globalement été assez précises, alors même que la fermeture de très nombreux bureaux de vote à 19 heures (au lieu de 18 heures habituellement) ôtait une heure aux instituts de sondage pour livrer leurs estimations. Celles d’Ipsos/Sopra Steria, livrées à partir d’un panel de cinq cents bureaux représentatifs du territoire, ont été justes, tandis que celles de Kantar-Sofres (issues de deux cent vingt bureaux de vote) ont surestimé le score de Marine Le Pen, la donnant à 23 %, à égalité avec Emmanuel Macron, soit 1,7 point au-dessus de son résultat définitif.

En 2012, quatre instituts (Ipsos, Sofres, CSA et Harris) avaient également surestimé le score de la candidate du Front national, la donnant à des scores compris entre 18,5 % et 20 %, alors que son résultat définitif était de 17,90 %. Le score de Nicolas Sarkozy, lui, avait été sous-estimé, annoncé par Ipsos à 25,5 % à 20 heures, assez loin du résultat final (27,18 %).

Comparaison des sondages de jour de vote avec le premier tour de la présidentielle 2017

Esimations du 23 avril à 20h00