A Amiens, mercredi 26 avril 2017. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

La fermeture de l’usine Whirlpool d’Amiens relance la campagne de l’entre-deux-tours. Mercredi 26 avril, alors qu’Emmanuel Macron (En marche !) s’entretenait avec une délégation de représentants des salariés à la chambre de commerce de la Somme, Marine Le Pen (Front national) a effectué une visite surprise sur le site de l’usine.

Pourquoi l’usine Whirlpool d’Amiens est-elle au cœur de l’actualité ?

Le groupe américain d’électroménager a annoncé en janvier son intention de cesser la production de sèche-linge dans son usine d’Amiens au 1er juin 2018, pour la délocaliser en Pologne.

Cette sentence, les salariés la redoutaient depuis plusieurs mois, pointant du doigt le rachat du fabricant italien d’électroménager Indesit en 2014. « Whirlpool s’est retrouvé avec tout en double – les commerciaux, les sites de production – et maintenant on paie les frais de cette fusion », soulignait Cécile Delpirou, élue CFE-CGC.

Le site a déjà fait l’objet de plusieurs plans sociaux ces dernières années. Entre 2002 et 2017, les effectifs ont ainsi été ramenés de 1 300 à 290 personnes.

Depuis lundi, des salariés organisent un piquet de grève dans l’usine, bloquant l’entrée des poids lourds et une partie de la production.

Combien d’emplois sont menacés ?

Un peu plus de 600 emplois sont menacés. Cette délocalisation entraînera la suppression des postes de 290 salariés, auxquels s’ajoutent 250 intérimaires employés quasiment en permanence et une centaine de salariés du sous-traitant Prima.

Pourquoi Whirlpool délocalise en Pologne ?

Le groupe a justifié son choix par la nécessité de bénéficier de « plus fortes économies d’échelle » afin de « sauvegarder sa compétitivité » dans un contexte « de plus en plus concurrentiel ».

La décision a donc été prise de délocaliser la production de sèche-linge en Pologne, à Lodz, dans une usine où 2 200 salariés fabriquent déjà des réfrigérateurs et des cuisinières pour toute l’Europe. Le tout pour environ 2 300 zlotys (540 euros) par mois.

Pour l’année 2016, le numéro deux mondial du gros électroménager affichait 20,7 milliards de dollars (19 milliards d’euros) de chiffre d’affaires et 888 millions de dollars (815 millions d’euros) de bénéfices net. Ces derniers étaient en hausse par rapport à 2015 et 2014.

Quelles solutions ont été proposées ?

Dès l’annonce de la délocalisation, l’entreprise a annoncé qu’elle « fera tout son possible et engagera les ressources nécessaires » pour trouver un repreneur pour son site d’Amiens ainsi que « de nouvelles activités pour attirer des emplois ».

Mais depuis, les syndicats jugent que les négociations entamées sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) n’ont pas permis d’avancer. Les salariés ont manifesté à plusieurs reprises, à Amiens en février, invitant les clients de magasins d’électroménager à boycotter la marque, et devant le siège social à la Défense le 18 avril.

Le 5 avril, le secrétaire d’Etat à l’industrie, Christophe Sirugue, a annoncé une « quinzaine de marques d’intérêt » pour la reprise du site. Il s’agirait majoritairement de candidats français.

Dans une agglomération déjà frappée par de nombreuses fermetures d’usines ces dernières années, notamment celle de pneus Goodyear, en 2014, le gouvernement attend « de Whirlpool qu’elle mette en œuvre tous les moyens possibles à la réindustrialisation du site ». Une commission va être mise en place pour assurer le suivi au-delà des élections présidentielle et législatives du dossier de l’éventuelle reprise de l’usine

En attendant, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a présenté en mars un plan de « revitalisation économique » de 220 millions d’euros pour Amiens : 160 millions serviront à financer le projet de nouvelle ligne ferroviaire Roissy-Picardie, destinée à désenclaver la région en la reliant plus rapidement au réseau TGV. Près 40 millions d’euros seront débloqués pour la rénovation de l’hôpital d’Amiens. Par ailleurs, le gouvernement a promis le financement de « neuf cents formations supplémentaires dans les métiers de la santé, des énergies renouvelables ou du numérique ».