Plusieurs industriels de l’agroalimentaire et des grands groupes de distribution ont décidé d’afficher, sans attendre, sur leurs produits le logo Nutri-Score à cinq couleurs, a annoncé le ministère de la santé, jeudi 27 avril. Intermarché, Leclerc, Auchan et Fleury Michon ont signé, le même jour, une charte d’engagement avec le gouvernement pour la mise en place de ce système à cinq couleurs en présence de la ministre. D’autres entreprises devraient suivre prochainement, affirme le ministère dans un communiqué. Danone, qui n’était pas présent, s’était récemment dit prêt à « mettre en œuvre progressivement le Nutri-Score ».

La ministre, Marisol Touraine, avait annoncé mi-mars avoir choisi le Nutri-Score au terme des résultats d’une étude grandeur nature qui a testé, durant dix semaines dans soixante magasins, quatre systèmes : celui de l’industrie agroalimentaire, celui de la grande distribution, les « feux tricolores » britanniques et le Nutri-Score, un système développé par l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN, rattachée à l’Inserm, l’INRA, l’université Paris-XIII et l’hôpital Avicenne à Bobigny).

« Le Nutri-Score apparaît comme le système le plus efficace », concluent ces études, notamment pour « les consommateurs qui achètent les produits les moins chers », avait alors déclaré Marisol Touraine dans un communiqué. Inspiré du modèle britannique à trois couleurs, le Nutri-Score propose une échelle de cinq couleurs allant du vert au rouge en fonction de quatre paramètres : l’apport calorique pour 100 grammes, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel. Des paramètres également pondérés en fonction du pourcentage de fruits, de légumes, de légumineuses et d’oléagineux.

Objectifs de santé publique

L’objectif est de rendre plus compréhensibles les informations actuelles, qui ne sont guère lisibles par les consommateurs, et d’inciter les Français à écarter les produits riches en gras, en sel et en sucre, pour lutter notamment contre la progression de l’obésité, qui touche 17 % de la population. Les associations de consommateurs CLCV et UFC-Que choisir se sont réjouis de cette annonce, qui devrait permettre aux consommateurs d’y voir plus clair.

Les entreprises signataires s’engagent donc à apposer ce logo sur leurs produits. Intermarché a fait savoir dans un communiqué soutenir cet « étiquetage plébiscité par la communauté scientifique et validé par les consommateurs ». Il devrait apparaître sur les produits de la marque Intermarché sur son site en ligne, dès juin.

Les industriels s’engagent sans attendre l’arrêté fixant le cahier des charges. Celui-ci a été notifié par la Commission européenne le 24 avril, qui doit se prononcer d’ici à la fin juillet sur sa conformité à la réglementation européenne.

Le feuilleton de l’étiquetage nutritionnel dure depuis des années. Le principe a été adopté par la loi de santé de janvier 2016.

Hostilité des industriels

Nombre d’industriels n’ont jamais caché leur hostilité à l’égard du Nutri-Score, dont l’efficacité a été démontrée par des études scientifiques. Ils ne veulent pas étiqueter certains de leurs produits en rouge, craignant de les stigmatiser, et surtout d’en détourner les consommateurs. Les industriels avaient donc réclamé une étude en conditions réelles d’achat. Une étude qui n’est pas exempte de critiques : conflits d’intérêts dans le comité scientifique, présence des industriels dans le comité de pilotage, mise en place en magasin jugée insuffisante…

Pour autant, « les résultats des études viennent de montrer que le plus pertinent des logos pour aider à manger sainement est le Nutri-Score », avait répondu la ministre. Dans tous les cas, ce logo n’est pas obligatoire.

Dès mars, des industriels, dont six grands groupes (Coca-Cola, Mars, Mondelez, Nestlé, PepsiCo et Unilever), Nestlé en tête, avaient déclaré ne pas vouloir du Nutri-Score et plaider pour un autre système. Les distributeurs sont eux aussi divisés. L’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA) précise que la plupart des industriels « sont prêts à mettre en œuvre sur leurs produits un système d’information nutritionnelle simplifiée », souhaitant qu’il soit « conforme à la réglementation européenne ».