Canary Wharf, le quartier des affaires de Londres, le 30 mars. | Russell Boyce / REUTERS

C’est entendu, tous nos malheurs prennent leur source dans la mondialisation en général et dans l’Europe en particulier. De l’affaire Whirlpool d’Amiens à l’affrontement entre les Etats-Unis et ses voisins canadiens et mexicains, c’est la musique assourdissante que l’on entend partout. Avec les conséquences politiques que l’on mesure aujourd’hui, en Grande Bretagne (Brexit), aux Etats-Unis (Trump) et en France (Le Pen). Pourtant, l’ouverture des frontières au grand vent de la concurrence internationale et la libre circulation des hommes n’ont pas toujours les effets néfastes qu’on leur prête.

C’est ce que l’on constate avec l’industrie financière en Grande-Bretagne. Un secteur moins populaire que celui de la fabrication d’automobiles ou de tôles d’acier mais qui pèse d’un poids bien plus considérable dans ce pays. Il emploie près de 2,2 millions de personnes dont un tiers dans la ville de Londres, l’une des principales places financière de la planète.

Près de 350 000 personnes travaillent dans les établissements bancaires de la City et un peu plus dans le secteur des services qui lui est lié. Une partie non négligeable de ces emplois sont menacés par la perspective de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et par la volonté du gouvernement de restreindre l’entrée et le travail des étrangers dans le pays.

Tous les établissements, qu’ils soient britanniques ou étrangers échafaudent des plans de délocalisation.

Cette semaine, Deutsche Bank a ainsi indiqué que 4 000 emplois sur 9 000 étaient désormais menacés en Grande-Bretagne, soit environ 2 000 dans l’activité bancaire proprement dite et autant dans les fonctions de support. Elle n’est pas la seule. Tous les établissements, qu’ils soient britanniques ou étrangers échafaudent des plans de délocalisation. Barclays, la première banque du pays s’est donnée six mois pour présenter son projet. Selon une étude de l’institut Bruegel environ 30 000 emplois pourraient être transférés, notamment vers Francfort, Amsterdam ou Paris, pour continuer à servir les clients européens.

Jouer avec les frontières

Mais ce n’est pas tout. S’exprimant à l’occasion d’une conférence à Londres ce mercredi 26 avril, Jes Staley, le patron de Barclays a pointé un autre risque : la politique migratoire. « C’est plus important que la perte du passeport européen », a affirmé M. Staley, lui-même Américain, en référence à l’autorisation actuelle des établissements financiers de Londres d’intervenir directement dans toute l’Europe. Actuellement près de 3 000 de ses employés londoniens sont des Européens non britanniques.

Cela pourrait être remis en cause par une nouvelle politique de visas, touchant les étudiants et les postulants à un emploi. Environ un quart des employés de la City sont étrangers, dont la moitié en provenance de l’Union européenne. Bien sûr, le gouvernement promet de faire la différence entre le plombier polonais et le crack en informatique. Mais est-ce si simple ? Le jeu avec les frontières est toujours un jeu dangereux. En politique comme en économie.