L’assemblage d’un modèle CSeries à Mirabel, au Québec. | Christinne Muschi / REUTERS

Le constructeur aéronautique américain Boeing a déposé jeudi 27 avril une plainte contre son concurrent canadien Bombardier, qu’il accuse de vendre son dernier avion CSeries en dessous de ses coûts de fabrication. Boeing a demandé à la Commission américaine internationale pour le commerce (USITC) d’enquêter sur les pratiques commerciales de Bombardier et d’imposer des droits de contrepartie et anti-dumping pour les avions de 100 à 150 sièges.

Cette plainte porte sur deux avions de la gamme CSeries, le CS100 et le CS300. Ces appareils viennent concurrencer le B737 du constructeur américain comme la famille des Airbus A320. La mise en service commerciale pour le plus petit a commencé en juillet 2016.

Il y a exactement un an, Bombardier avait arraché une commande ferme de 75 avions CSeries auprès de la compagnie américaine Delta Air Lines, d’une valeur de 5,6 milliards de dollars américains sur la base de leur prix catalogue, un prix traditionnellement supérieur au prix payé par les compagnies. Les avions sont affichés par Bombardier à un tarif compris entre 79,5 et 89,5 millions de dollars.

« Bombardier s’est lancé dans une campagne agressive pour vendre ses avions CSeries sur le marché américain à des prix ridiculement bas, moins de 20 millions de dollars pour des engins qui coûtent 33 millions de dollars à produire, en se basant des informations publiquement disponibles », a avancé Boeing dans un communiqué.

La défense de Bombardier et du Canada

Selon le groupe de Seattle, cette pratique, qu’il qualifie de « dumping », est rendue possible par les subventions dont aurait bénéficié Bombardier pour ce programme. « Les CSeries ont reçu un soutien massif du gouvernement [canadien] s’élevant pour l’instant à plus de 3 milliards de dollars », a ajouté Boeing.

A la signature, le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, avait relevé que la négociation avait été âpre car tous les « joueurs étaient à la table », en faisant référence à Airbus et Boeing.

« Bombardier structure ses opérations commerciales de façon à s’assurer du respect des lois et règlements des juridictions dans lesquelles nous exerçons nos activités, y compris dans les cas soulevés par Boeing », a réagi jeudi le groupe canadien dans un communiqué, qui rappelle employer « environ 7 000 personnes dans des dizaines d’installations » dans 17 Etats américains.

De son côté, le gouvernement du Canada a affirmé « préparer une vigoureuse contestation de ces allégations et défendra avec fermeté les emplois de l’industrie de l’aérospatiale des deux côtés de la frontière ». Il a rappelé que plusieurs fournisseurs de Bombardier sont américains et « plus de 50 % des composants des avions CSeries, dont les moteurs, seront fournis par les entreprises américaines ».

Cette plainte de Boeing vient compliquer des relations déjà tendues entre l’administration de Donald Trump et le Canada.