LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu de ce week-end prolongé du 1er Mai : une Médée sauvage à Strasbourg ; Musicora, le rendez-vous annuel des musiciens à La Villette ; les marionnettes d’Orbis Pictus à Reims ; le festival London Jazz Calling à La Maroquinerie ; du jonglage à La Courneuve ; un opéra-jazz révolutionnaire au Théâtre de la Ville-Espace Cardin.

THÉÂTRE. La nouvelle sauvagerie de Médée, à Strasbourg

En 2002, un spectacle éclaboussait de terreur et de beauté le Festival d’Avignon : Médée-Matériau, avec Valérie Dréville. La grande actrice française était dirigée par Anatoli Vassiliev, maître russe de la mise en scène.

Assise sur une chaise en bois, dans la chapelle des Pénitents blancs, elle portait à son paroxysme le texte de Heiner Müller revisitant au XXe siècle le mythe de Médée, dont les enfants étaient représentés par deux poupées de toile grise ignorées de leur mère, nue sur la chaise, jambes écartées, tout entière offerte à sa sauvagerie dévastatrice.

Valérie Dréville ne jouait pas au sens classique du terme. Les mots sortaient d’elle comme des pierres brûlantes, sa voix faisait entendre un cri musical, un hurlement vieux comme le monde. Ce moment stupéfiant, qui est resté dans les annales du festival, s’octroie une seconde naissance, au Théâtre national de Strasbourg, où Valérie Dréville et Anatoli Vassiliev ont retravaillé le texte de Heiner Müller. Les premières représentations ont lieu ce week-end. A découvrir, donc. Brigitte Salino

« Médée-Matériau ». Théâtre national de Strasbourg, 1, avenue de la Marseillaise, Strasbourg. Tél. : 03-88-24-88-24. Samedi à 20 heures, dimanche à 16 heures. Durée : 1 h 15. De 6 € à 28 €.

MUSIQUES. Découvrir toutes les facettes de la musique au Salon Musicora, à La Villette

Le Salon Musicora à La Grande Halle de La Villette, à Paris, du 28 au 30 avril 2017. | DR

« Le grand rendez-vous de la musique et des musiciens », tel est l’intitulé qui vient en sous-titre du Salon Musicora, dont la 28e édition est organisée à La Grande Halle de La Villette à Paris, du vendredi 28 au dimanche 30 avril.

Il y aura de nombreux exposants (plus de 200 sont annoncés), parmi lesquels des facteurs d’instruments, des éditeurs, des développeurs d’applications, des organisateurs de concerts et de festivals, mais aussi des ateliers de découvertes de diverses pratiques instrumentales (percussions, voix, cordes, accordéon, piano…), des conférences et des présentations (dont cette année celle d’une contrebasse « ultra démontable », ou d’une imprimante 3D pour réaliser des becs de saxophones…) et de nombreux concerts.

On découvrira notamment ceux des pianistes Simon Ghraichy et Thierry Maillard (vendredi 28), de l’ensemble Les Meslanges pour faire découvrir les messes de Jehan Titelouze (vers 1563-1633), des batteurs Franck Filosa et Christophe Demaret, de la flûtiste Magali Mosnier (samedi 29), du saxophoniste Pierre Bertrand pour une rencontre entre jazz et flamenco, du bugliste et chanteur Médéric Collignon (dimanche 30). Un programme aussi alléchant pour le grand public que pour les amateurs les plus pointus. Sylvain Siclier

Musicora à La Grande Halle de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin. Vendredi 28 avril de 9 h 30 à 20 heures, samedi 29, de 10 heures à 19 heures, et dimanche 30, de 10 heures à 18 heures. De 6 € à 10 €, entrée libre pour les moins de 12 ans.

FESTIVAL. La marionnette sacrée reine à Reims, le temps d’un week-end

« Transfiguration », d’Olivier de Sagazan, spectacle inaugural du festival Orbis Pictus à Reims, le 28 avril 2017. | © DIDIER CARLUCCIO

Pour la huitième année consécutive, depuis sa création en 2010, le festival Orbis Pictus investit, du vendredi 28 au dimanche 30 avril, le Palais du Tau à Reims.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, l’ancienne résidence archi-épiscopale et royale, attenante à la cathédrale où trente-deux rois de France ont été sacrés, offre un décor de choix, avec son plan en forme de T, à la vingtaine de spectacles de marionnettes programmés par Le Jardin parallèle, fabrique marionnettique et laboratoire d’écritures nouvelles, qui organise cet événement.

Sous la direction artistique d’Angélique Friant et de David Girondin Moab, cette manifestation, qui doit son nom à la première encyclopédie accompagnée d’illustrations, rédigée au XVIIe siècle par le philosophe et pédagogue Comenius, privilégie les formes marionnettiques brèves, d’une durée de cinq à trente minutes.

Le public peut découvrir ainsi plusieurs spectacles à la suite au fil de différents parcours qui le mènent à travers les nombreuses salles historiques du Palais du Tau. Il suffit de choisir un itinéraire et de se laisser ensuite guider par les bénévoles d’Orbis Pictus pour voyager au gré des histoires et des univers proposés par plus de vingt compagnies venues de France et d’ailleurs.

Un spectacle inaugural, Transfiguration, d’Olivier de Sagazan, et un concert, The Wolf under the Moon, par Anthonin Ternant, viendront par ailleurs animer les soirées du vendredi 28 avril et du samedi 29. Une occasion pour (re-)découvrir la richesse architecturale de Reims, en particulier la cathédrale et son palais, sous un angle artistique original. Cristina Marino

Orbis Pictus, vol. 8, Palais du Tau, 2, place du Cardinal-Luçon, Reims. Tél. : 09-81-24-07-66. Plusieurs tarifs et pass pour la journée, la soirée ou le week-end.

FESTIVAL. London Jazz Calling à La Maroquinerie, à Paris

Le festival London Jazz Calling, à La Maroquinerie. | DR

Régulièrement, comme dans le domaine de la pop et du rock, la presse britannique s’enflamme pour ce qui est qualifié de « renouveau de la scène jazz », le terme englobant des musiciens divers dont la musique a parfois de lointains rapports avec le jazz au sens historique (swing, bop, hard-bop, free, etc.).

La venue de six formations sous cette étiquette au festival London Jazz Calling, organisé du vendredi 28 au dimanche 30 avril, à La Maroquinerie, à Paris, permettra de s’en faire une idée.

Le premier jour, ce sera avec Paddy Speer, qui, au milieu d’un appareillage de synthétiseurs et de percussions, propose un univers musical un rien psychédélique. Puis Yussef Kamaal, duo qui réunit Yussef Dayes et Kamaal Williams, revisite le courant acid jazz et drum and bass. Samedi sera plus « classique » avec le duo Binker & Moses (Binker Golding au saxophone et Moses Boyd à la batterie), dans une approche plutôt free jazz, puis le quartette Get the Blessing, dont les entrelacs du saxophone et de la trompette avec soutien rythmique peuvent rappeler, en plus sage, le quartette d’Ornette Coleman avec Don Cherry.

Enfin, dimanche, ce sera Strobes, trio élecro-progressif qui réunit le claviériste Dan Nicholls, le guitariste et claviériste Matt Calvert et le batteur Joshua Blackmore puis Melt Yourself Down, qui agrège des éléments de fanfare et du funk à des musiques nord-africaines. S. Si.

London Jazz Calling à La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e. Mo Ménilmontant, Gambetta. Tél. : 01-40-33-35-05. 27,40 € et forfait trois jours 54,80 €.

FESTIVAL. Jonglage tous azimuts, à La Courneuve

MAISON DES JONGLAGES

Quel feu d’artifice que la 10e édition du festival Rencontre des jonglages, piloté par la Maison des jonglages à la Courneuve (Seine-Saint-Denis). Depuis le 8 avril et son immense parade, la manifestation dirigée par Thomas Renaud se multiplie sur tous les fronts : animations participatives, performances sous chapiteau mais aussi in situ, ateliers de jonglage avec la crème des jeunes artistes et des figures de la jongle.

Pour conclure en beauté le festival, le dernier week-end, qui court du vendredi 28 au dimanche 30 avril, déborde. Des spectacles signés par les compagnies Collectif Protocole et Happy Face, des performances de Jay Gilligan, personnalité-phare du jonglage américain, un Ballet de Bombillas, épatante valse d’ampoules, mais encore, le dimanche soir, une création collective portée par 70 jongleurs place de la Fraternité. Ici, on fêtera le 29 et le 30 l’arrivée de la traversée de Seine-Saint-Denis après trente jours et trente nuits de performance du duo Boijeot-Renauld qui a construit 300 meubles pendant le mois et les donnera au public. « Le jonglage pour susciter le désir de transformer notre monde ! », une devise qui n’est pas une vaine formule pour cette dixième édition. Rosita Boisseau

Maison des jonglages, 11, avenue du Général-Leclerc, La Courneuve. Les 28, 29 et 30 avril. Tél. : 01-49-92-61-61. De 3 € à 12 €. Beaucoup d’événements gratuits.

SPECTACLE. Un opéra-jazz révolutionnaire au Théâtre de la Ville-Espace Cardin, à Paris

Mike Ladd, Elise Caron et David Lescot à La Filature à Mulhouse. | CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Emmanuel Bex (organiste, compositeur) et David Lescot (texte et mise en scène) signent La Chose commune à l’Espace Cardin. Evocation gonflée de la Commune de Paris (mars-mai 1871), ce « printemps évident », selon Rimbaud, l’insurrection des insurrections, version récitatif, rap et musique, par une troupe d’artistes complets.

Oratorio ? Opéra-jazz ? Il s’agit d’un texte pensé, lu et relu, distribué à la perfection. Sur quel projet ? « Rassembler ce qui reste pour nous, et en nous, de la Commune, précise David Lescot. Avec Bex, nous avons rassemblé de quoi tenir une barricade. Honneur aux femmes : aux côtés d’Elise Caron qui prête sa voix, corps et âme aux héroïnes de la Commune, voici Géraldine Laurent, souffle de mille vents, une dizaine de doigts à chaque main. Et puis Simon Goubert, batteur épique, il parle, il écoute, il raconte, il sait être d’une violente douceur. Rap et slam en bannière, Mike Ladd, sidérant improvisateur. Car la Commune de Paris, affaire de Résistance et de Révolution, fut aussi une grande improvisation. » Un spectacle salutaire et plus que revigorant. Francis Marmande

Théâtre de la Ville-Espace Pierre Cardin. Jusqu’au 29 avril, à 20 h 30. De 10 € à 26 €.