L’idée a tout pour plaire : permettre à chacun de faire reconnaître les compétences acquises dans l’exercice de son métier, et obtenir ainsi un diplôme ou un certificat, à l’égal d’une formation classique. C’est la logique de la ­validation des acquis de l’expérience (VAE), lancée en 2002, et qui permet de décrocher une licence, un master, voire un doctorat. Besoin de reconnaissance, recherche d’emploi, sécurisation de son parcours… Les motivations des candidats sont variées. Quant au coût (2 000 à 3 000 euros, le plus souvent), il peut être financé par l’entreprise, le Fongecif ou par le compte personnel de formation.

Et pourtant, avec quelques milliers de diplômes délivrés chaque année, la VAE peine à s’imposer. Elle connaît même un relatif tassement. Principal frein : la lourdeur du processus. Le candidat doit d’abord présenter au responsable de la formation son projet professionnel et un référentiel de ses compétences afin d’obtenir la « recevabilité » de son parcours.

« Facteur d’employabilité »

Vient ensuite l’étape la plus complexe : élaborer un dossier complet. « Il s’agit de faire le point sur les compétences acquises, et de ­rédiger un texte qui les expose en détail, indique Laure Jeuneu, ­directrice adjointe formation ­continue et VAE à l’université de Cergy-Pontoise. Il faut parfois remonter très loin dans son parcours. Il faut compter de 6 à 12 mois» En général, le candidat bénéficie d’un accompagnement et échange avec son responsable pédagogique. « C’est un gros investissement personnel, car il faut justifier de ses compétences avec une grande précision », confirme Gilles Pouligny, directeur général adjoint de l’Institut de gestion sociale, ­acteur très engagé dans la VAE.

Enfin, le candidat se présente devant un jury, composé notamment du responsable du diplôme et de professionnels. On peut aussi recourir à une VAE « partielle », qui ne reconnaît qu’une partie des compétences requises, le reste étant obtenu grâce à un module de formation classique. « C’est une excellente formule, juge Caroline Diard, enseignant-chercheur et référente VAE à l’Ecole de management de Normandie. La VAE permet de progresser dans l’entreprise. C’est une reconnaissance du travail accompli – en général avec une revalorisation du salaire – et un facteur d’employabilité. » A l’EM Normandie, on peut ainsi décrocher le ­diplôme « grande école », mais aussi un MBA, un bachelor, un mastère spécialisé…

De récentes dispositions ouvrent l’accès à la VAE après une seule ­année d’expérience. « Cela permettra de développer les VAE hybrides, mêlant pratique professionnelle et acquis théoriques », explique Laure Jeuneu. « On va pouvoir acquérir, au besoin en e-learning, les compétences qui manquent pour bâtir un cursus complet », commente Jean Dondi, coordonnateur des services formation continue de l’université de Bordeaux. De quoi faciliter le processus.