Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche !, à la présidentielle 2017, participe à un meeting de campagne à Arras, mercredi 26 avril 2017 - 2017©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Les candidats de La France insoumise et de Debout la France renvoyés dos-à-dos. Lors d’un meeting à Châtellerault, dans la Vienne, Emmanuel Macron, le représentant du mouvement En marche !, s’en est pris respectivement à Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé d’appeler à voter pour lui au second tour de l’élection présidentielle, et le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui a fait alliance avec son adversaire du Front national (FN), Marine Le Pen.

L’ex-ministre de l’économie achevait ainsi, vendredi 28 avril, devant environ un millier de personnes brandissant des drapeaux européens et tricolores, un déplacement qui l’avait auparavant conduit à Oradour-sur-Glane, village martyr de la seconde guerre mondiale, en Haute-Vienne.

Dans un discours retransmis dans une cinquantaine de lieux dans toute la France, en particulier dans des villes moyennes ou petites et en milieu rural, il a déploré qu’il n’y ait pas eu de « front républicain » contre l’extrême droite, après le premier tour qui a vu sa candidate arriver en deuxième position. « Non, les Françaises et les Français n’ont pas juste eu un coup de colère en ce premier tour (…) Le FN n’est pas un parti comme les autres » et ne pas en tenir compte est « une faute politique morale grave », a-t-il mis en garde.

Emmanuel Macron a ironisé sur l’alliance annoncée vendredi par le président de Debout la France avec le FN, décision qu’il a imputée à des difficultés financières après un premier tour qui n’a pas permis à Nicolas Dupont-Aignan de franchir le seuil des 5 % des suffrages. Il « recompose la droite, cette partie-là de la droite », a-t-il poursuivi, plus gravement. « Il y aura durablement une droite réactionnaire qui veut la fin de l’Europe et qui est fascinée par le nationalisme (…) Et à cette droite-là, je ne laisserai jamais la France. »

Il a exhorté ses partisans à ne pas confondre nationalisme et patriotisme : « Nous sommes les patriotes, ils sont les nationalistes ! », a lancé le candidat d’En Marche !.

Attachement à débattre

Jean-Luc Mélenchon, arrivé quatrième au premier tour, a pour sa part de nouveau refusé vendredi de donner des consignes de vote, tout en laissant entendre qu’il donnerait personnellement sa voix à M. Macron. Ce dernier lui a reproché d’oublier qu’ils partageaient, au-delà de leurs divergences sur nombre de sujets, un attachement à débattre de ces désaccords dans un cadre républicain. « C’est notre vraie différence avec le FN et il l’a oublié et c’est une faute grave, lourde », a-t-il dit.

La deuxième faute de Jean-Luc Mélenchon est « de trahir les siens », notamment ses électeurs proches du Parti communiste, ouvriers et paysans, la jeunesse étudiante ou les cadres de sensibilité écologiste. « Tous ceux-là, ils ont quelque chose à voir avec le ni ni qu’il leur sert ? » a lancé Emmanuel Macron. « La plupart se sont battus, ont payé pour lutter contre les extrémismes, pour se rappeler cette vertu morale qu’il est en train d’oublier. »

L’ancien ministre de l’économie a ensuite longuement expliqué ses projets en faveur d’un monde rural où le Front national a fait ces dernières années une percée, avant de répondre aux questions de la salle. « J’entends depuis dimanche (…) qu’il y aurait deux France », a-t-il notamment. « La France des villes qui réussit serait en ma faveur et la France des champs qui doute serait derrière Mme Le Pen. Merci d’être là pour témoigner du contraire. »