Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq

Affiche doublement inédite pour le débat d’entre-deux-tours au cours duquel s’affronteront, mercredi 3 mai, pour la première fois Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il sera arbitré par un nouveau duo composé par les chefs du service politique de TF1 et de France 2 : Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq.

C’est mercredi en milieu de matinée que David Pujadas, présentateur du journal télévisé de 20 heures sur France 2 et animateur des précédents débats pour la chaîne, a téléphoné à la journaliste pour lui confirmer qu’elle animerait le face-à-face entre les deux candidats finalistes.

Mardi soir, M. Pujadas avait déjà prévenu Mme Saint-Cricq qu’elle était pressentie. Une surprise pour la chef du service politique de France 2, qui dit être « tombée à la renverse » quand elle a appris la nouvelle.

Christophe Jakubyszyn a lui été informé par Gilles Bouleau, présentateur du journal télévisé de 20 heures sur TF1, juste après l’émission « Elysée 2017 », que ce dernier avait coanimée, mardi soir, avec Anne-Claire Coudray, et qui avait pour invitée Marine Le Pen. « J’étais blanc comme un linge, très déçu pour Gilles, mais aussi très fier. Pour un journaliste politique, on ne peut pas rêver mieux que d’animer un débat qui va déterminer le choix de millions de Français », raconte M. Jakubyszyn.

Le CSA a posé la question de la parité

Le choix de l’animation s’était porté dans un premier temps sur MM. Bouleau et Pujadas. Mais, lors d’une réunion, mardi 25 avril, entre les représentants des candidats et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le président de l’instance de régulation, Olivier Schrameck, a soulevé la question de la parité : cela ne gênait-il pas les candidats que la présentation du rendez-vous soit assurée par deux hommes ?

« Notre rôle, c’est de poser tous les problèmes qui nécessitent un accord parfait entre les candidats et les chaînes », précise Sylvie Pierre-Brossolette, membre du CSA, qui participait à cette rencontre. Depuis 1974, à l’exception de 1995, un homme et une femme ont animé le face-à-face entre les deux finalistes.

Le représentant d’Emmanuel Macron a manifesté le souhait que la parité soit respectée, tandis que celui du Marine Le Pen a récusé le nom d’Anne-Claire Coudray, évoqué lors de la réunion. La candidate soutenue par le Front national garde un très mauvais souvenir d’une interview avec la présentatrice des journaux du week-end de TF1.

Dans la soirée de mardi, Michel Field et Catherine Nayl, respectivement directeurs de l’information de France 2 et de TF1, se sont mis définitivement d’accord sur les noms de Nathalie Saint-Cricq et de Christophe Jakubyszyn. La parité était respectée ainsi que la préséance, tous deux occupant la fonction de responsable du service politique. Les représentants des deux candidats ont donné leur accord à la participation au débat de ces deux professionnels reconnus.

Une dizaine de grands thèmes devraient être abordés

Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn, qui se connaissent peu et s’étaient croisés une demi-douzaine de fois, se sont rencontrés vendredi à l’heure du déjeuner pour préparer cette confrontation historique. Les deux journalistes ont déjà appelé les « anciens » afin qu’ils leur fassent part de leur expérience, et vont passer les jours qui viennent à se plonger dans les programmes politiques, qu’ils connaissent pourtant bien. « Nous devons en savoir un maximum, au cas où », dit Mme Saint-Cricq.

Une dizaine de grands thèmes devraient être abordés. Une réunion devait avoir lieu vendredi après-midi au CSA avec les responsables des rédactions des chaînes et les représentants des candidats, pour les fixer définitivement. La durée du débat doit, elle aussi, être déterminée.

Dans un deuxième temps, les deux journalistes vont préparer les questions. « Il s’agit de se dégager de l’hystérie ambiante pour aborder les sujets de fond et être utile aux électeurs », dit Nathalie Saint-Cricq.

Dans cet exercice très contraint, les deux animateurs ne souhaitent pas être uniquement les gardiens du temps de parole entre les deux prétendants à l’Elysée, et n’entendent pas faire de la « figuration » : « Les journalistes sont des passeurs, mais nous pourrons éventuellement réagir pour remettre les choses dans les rails, préciser un fait », explique Christophe Jakubyszyn.

« Nous serons particulièrement attentifs aux libellés des questions, pour être le plus efficace possible », pointe Nathalie Saint-Cricq. « Nous n’avons pas la prétention de renouveler le genre », déclarent modestement les deux journalistes, qui se préparent à un week-end studieux.