Discours de Jean Marie Le Pen le 1er mai à Paris. | Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde

A six jours du second tour de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen a réuni ses soutiens lundi 1er mai à Paris, à l’occasion du traditionnel défilé en hommage à Jeanne d’Arc. Après avoir déposé, à la mi-journée, une gerbe de fleurs devant la statue de cette dernière, place des Pyramides (1er arrondissement), le fondateur du Front national, arborant un brin de muguet, a rendu hommage dans son discours à Marine Le Pen, « une fille de France ».

« Ce n’est pas Jeanne d’Arc mais elle accepte la même mission que celle de Jeanne. Elle aime et elle a choisi la France », a-t-il poursuivi devant à peine 300 personnes et alors que sa fille tenait un meeting au même moment à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Jean-Marie Le Pen avait pourtant sévèrement critiqué, la semaine dernière, la campagne de la candidate du Front national qu’il jugeait « trop cool », pas assez « agressive », et trop centrée sur les questions européennes et économiques.

Après une coupure de micro d’une vingtaine de minutes, le député européen s’en est notamment pris à Emmanuel Macron, « énarque pantouflard fabriqué et propulsé par les médias ».

« Le candidat socialiste masqué, le bobo de gauche. Le candidat du système qui depuis 40 ans a conduit la France de décadence en déchéance. »

Alors que ses militants, accompagnés notamment de ceux du Parti de la France de Carl Lang ou de Civitas (mouvement intégriste proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X) chantaient à plusieurs reprises « Bleu, blanc rouge, la France aux Français », ou encore « Islam hors d’Europe », Jean-Marie Le Pen a vanté le nationalisme dans ce discours de près d’une heure.

« Le patriotisme, disent d’aucuns, c’est l’amour de la patrie et le nationalisme, c’est la haine des autres. Mais non, messieurs du système, comme le patriotisme est l’amour de la patrie, le nationalisme c’est l’amour de la nation », a-t-il lancé.

M. Le Pen a également dénoncé « un processus d’islamisation de la société en cours »  avec  « partout la charia qui exerce une pression constante ». « Il faudra redonner sa place à nos grandes valeurs, la patrie et le travail », a-t-il poursuivi.

« Il faut être plus agressif »

Defilé rue de Rivoli , à Paris, des sympatisants de Jean Marie le Pen le 1er mai. | Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde

M. Le Pen a ensuite énuméré les propositions de son comité Jeanne, lancé en 2016 après avoir été exclu du Front national en août 2015 : rétablissement de la peine de mort, retour aux frontières, priorité nationale ou encore abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour un tous. Un programme applaudi par les militants venus pour rendre hommage au fondateur du FN.

C’est le cas notamment de Laurent et Patrick, 55 et 59 ans. Ils sont venus au défilé par « honneur et fidélité » au député européen. Aucun n’est encarté au FN, ils regrettent tous les deux le parti d’avant, celui de Jean-Marie Le Pen. « Il y a eu trop de compromis de fait sur l’Europe, sur l’immigration. Il faut être plus agressif », affirme Patrick, bonnet sur la tête. D’ailleurs le score de Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, 21 %, « n’est pas sensationnel », selon lui.

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Kevin, 25 ans et drapeau à la main, était déjà venu en 2016. Il aime « les idées, la franchise et le dynamisme » de Jean-Marie Le Pen. Le jeune homme était encarté au Front national mais il a rendu sa carte il y a deux ans après l’exclusion du fondateur du parti. Et s’il votera pour Marine Le Pen, il ne croit de toute façon pas en sa victoire le 7 mai face à Emmanuel Macron. Il aurait fallu selon lui « être beaucoup plus agressif sur l’immigration, contre Philippe Poutou aussi pendant les débats. Mais elle a été trop passive ».