1er-Mai en Turquie : des manifestants violemment interpellés
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La police turque a fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, lundi 1er mai, pour disperser environ deux cents manifestants qui souhaitaient rallier la place Taksim d’Istanbul à l’occasion de la fête des Travailleurs, malgré l’interdiction des autorités.

Ce 1er Mai se déroule sous tension en Turquie, deux semaines après un référendum, dont le résultat est contesté par l’opposition, et qui a considérablement renforcé les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

« Longue vie au 1er Mai, non au dictateur ! »

Le groupe de manifestants dispersé, composé de divers groupes de gauche, avait déroulé des banderoles portant des slogans contre le gouvernement, tels que « Longue vie au 1er Mai, non au dictateur ! », dans le quartier de Gayrettepe. Au moins l’un d’entre eux a été arrêté, selon l’Agence France-Presse. Et dans le quartier voisin de Besiktas, au moins soixante personnes, qui voulaient également se rendre à Taksim, ont été arrêtées.

Lors d’un rassemblement à l’occasion de la Fête des travailleurs, à Istanbul, en Turquie, le lundi 1er mai. | Lefteris Pitarakis / AP

« Nous allons à Taksim parce que c’est un lieu significatif pour la classe ouvrière », a expliqué Sevim, une manifestante, peu avant l’intervention des forces de l’ordre. La place Taksim fut le principal lieu de rassemblement pour le 1er Mai jusqu’en 1977, date à laquelle trente-quatre personnes furent tuées par des inconnus pendant des manifestations. Après avoir été réautorisés en 2010, les rassemblements y ont été à nouveau interdits après les grandes manifestations antigouvernementales de 2013.

Des barrages policiers ont ainsi été installés lundi pour bloquer les accès à la place située sur la rive européenne d’Istanbul. L’agence de presse progouvernementale Anatolie a rapporté que treize personnes qui tentaient de manifester sur cette place ont été arrêtées. Plus de trente mille policiers ont été déployés à Istanbul pour la journée, selon l’agence Anatolie.

Le gouvernement du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a déjà franchi, samedi 29 avril, une étape supplémentaire dans la censure et la répression dont sont victimes les Turcs depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016. Il a interdit les émissions télévisées de rencontres amoureuses et a congédié près de quatre mille fonctionnaires, selon deux décrets pris en vertu de l’état d’urgence imposé après la tentative de putsch.