Marine Le Pen l’a reconnu sans peine sur le plateau du journal de 20 heures de France 2, lundi 1er mai. La sortie de la France de l’euro « est peut-être » la proposition « la plus connue de nos compatriotes » parmi toutes celles que la candidate du Front national à l’élection présidentielle peut présenter.

C’est sans doute pour cela que la députée européenne n’a pas jugé nécessaire de l’inscrire sur sa profession de foi distribuée aux électeurs en vue du second tour, le 7 mai, qui l’oppose au candidat d’En marche !, Emmanuel Macron. Ou peut-être est-ce tout simplement car le parti d’extrême droite ne parvient pas à présenter cette mesure impopulaire sous un jour rassurant.

Le moment semblait pourtant enfin venu, samedi 29 avril, à l’occasion de la révélation de l’accord de gouvernement signé entre Mme Le Pen et le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. Le FN souhaite la fin de la monnaie unique et la transition vers un euro « monnaie commune » à l’issue de six mois de négociations avec l’Union européenne et d’un référendum sur l’appartenance de la France à l’UE.

Mais, dans leur texte commun, les deux responsables écrivent que cette réforme n’est « pas un préalable à toute politique économique », et qu’un « calendrier adapté aux priorités et défis immédiats que le gouvernement de la France devra relever » sera présenté. En clair, que le principe du retour au franc subsiste, mais qu’il ne représente plus une priorité absolue. En mars 2016, Florian Philippot, vice-président du FN, promettait pourtant : « Si nous arrivons au pouvoir, il est certain que, au bout de six mois, la France a une monnaie nationale. »

« Fin du quinquennat »

Dans la foulée de la révélation de l’accord, la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, a, pour sa part, déclaré que le début des négociations pourrait carrément attendre mai 2018, date à laquelle les élections italiennes doivent être organisées au plus tard. Et, dans l’esprit de la députée de Vaucluse, ces négociations prendront « plusieurs mois, ou peut-être plusieurs années ».

« Cette souveraineté monétaire est un objectif pour la fin du quinquennat plus qu’un objectif pour les premiers jours », a expliqué, sur RFI, Jérôme Rivière, membre du conseil stratégique de campagne de la candidate frontiste.

Sur Europe 1 et France 2, lundi, Marine Le Pen a assuré que sa nièce a été mal comprise. « Nous allons négocier six mois, ça sera peut-être huit mois ou dix mois », a-t-elle avancé, en précisant qu’elle attendrait les élections allemandes, en septembre, pour discuter de cette question monétaire. Et la présidente « en congé » du FN de rappeler que, dans son esprit, il y aura une monnaie commune « utilisée par les Etats, par les grandes entreprises », et une monnaie nationale utilisée par les Français.

Florian Philippot, quant à lui, a déclaré sur France Inter, lundi, qu’un an après l’arrivée de Marine Le Pen à l’Elysée, le consommateur français achètera sa baguette « très probablement en franc, en nouveau franc ». Retour à la case départ. Plus ou moins.