Les deux derniers troupeaux de morses du Canada et une énième harde de caribous « sont menacés de disparition » dans l’Arctique, a annoncé lundi 1er mai un comité d’experts scientifiques chargé de conseiller le gouvernement canadien.

Le nombre d’espèces sauvages du Nord canadien considérées comme étant en péril atteint maintenant soixante-deux espèces, a révélé le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac) à l’issue de sa réunion bisannuelle.

Le Comité recommande que les deux populations de morses soient classées sous statut d’espèce « préoccupante » compte tenu des menaces qui pèsent sur elles : réchauffement climatique, recul de la glace de mer, interactions plus fréquentes avec les touristes, développement industriel. Un tel statut obligerait le gouvernement à prendre des mesures pour contrer le déclin des troupeaux.

« Au cours des dernières décennies, les aires habitées par les quelques milliers de morses du haut Arctique et par la population plus nombreuse du centre de l’Arctique et du bas Arctique ont fait l’objet d’une réduction qui d’ailleurs se poursuit. »

« Les morses ont été très importants pour les Inuits, à la fois comme nourriture et dans leur culture, et le demeurent encore à ce jour. Les morses sont particulièrement vulnérables aux perturbations et méritent certainement une attention particulière », a souligné l’expert en mammifères marins du comité, Hal Whitehead.

De huit cent mille caribous à quelques milliers

Le Cosepac a aussi examiné pour la première fois le sort du caribou migrateur de l’Est, « célèbre harde » de la rivière George au Québec et au Labrador, qui comptait plus de huit cent mille têtes en 1993 et dont il ne reste plus que « quelques milliers d’animaux ». Le statut d’espèce « en voie de disparition » a été recommandé pour cette espèce de renne, ainsi que pour une deuxième harde qui connaît également « un grave déclin ».

Un expert du Cosepac, Graham Forbes, a souligné la vulnérabilité du caribou aux activités humaines, une situation que vient compliquer le « changement climatique rapide dans le Nord » :

« Les arbustes couvrent de plus en plus des paysages autrefois dominés par le lichen, source de nourriture principale du caribou en hiver ; et la surexploitation se poursuit. Nous sommes préoccupés par le fait que ces facteurs puissent rendre très difficile le rétablissement des hardes. »

En décembre, le comité avait jugé « menacé » le troupeau de la toundra et avait classé « en voie de disparition » celui des monts Torngat, aux confins de l’Arctique québécois et du Labrador. « Une partie du Nord canadien se réchauffe plus rapidement que partout ailleurs dans le monde, et le nombre d’espèces en péril dans le Nord est en croissance », a souligné le Cosepac.