Le président philippin, Rodrigo Duterte, visite un chantier naval chinois à Davao, dans le sud de l’archipel, lundi 1er mai. | LEAN DAVAL JR / REUTERS

Donald Trump l’a invité à Washington mais il hésite. Fidèle à son style, le président philippin, Rodrigo Duterte, qui traita naguère Barack Obama de « fils de pute », n’est pas sûr de pouvoir honorer l’invitation faite par son homologue américain en fin de semaine, lors d’un coup de téléphone qualifié de « très amical » par la Maison Blanche. M. Trump a également invité le chef de la junte au pouvoir en Thaïlande, Prayuth Chan-ocha, et s’est dit prêt à rencontrer le Nord-Coréen Kim Jong-un, « si les circonstances sont bonnes ».

« Je suis très occupé, je ne peux rien promettre », a fait savoir M. Duterte lundi 1er mai. Car, a-t-il ajouté, il « [doit] aller en Russie, en Israël ». Il a cependant estimé que les relations philippino-américaines se sont améliorées depuis que Barack Obama avait critiqué la « guerre contre la drogue » lancée par M. Duterte à son arrivée aux affaires, il y a presque un an. Selon les chiffres publiés en mars par le département d’Etat, « depuis juillet 2016, la police ou des milices privées inconnues ont tué 6 000 vendeurs et utilisateurs de drogue ». Parlant des toxicomanes de son pays, le président philippin a déclaré un jour : « Je serais heureux de tous les massacrer. »

Donald Trump n’aurait pas critiqué Rodrigo Duterte à ce sujet, la conversation ayant tourné principalement autour de la question nord-coréenne, selon le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus.

Priorité à la Chine

Rodrigo Duterte aura montré une nouvelle fois samedi et dimanche à quel point il entend orienter sa diplomatie plutôt vers la Chine que vers les Etats-Unis, l’ancien pouvoir colonial des Philippines, en empêchant que soit mentionné le nom de la Chine dans le communiqué publié à l’issue d’un sommet de l’Asean, à Manille. Alors que plusieurs pays de la région s’opposent à la militarisation par Pékin d’atolls disputés, le président philippin, dont le pays est le premier concerné par cette question, a fait pression pour que soit passé sous silence le verdict du tribunal de La Haye estimant que la « poldérisation » de certains îlots par la Chine est illégale.

Certains diplomates, possiblement vietnamiens selon une dépêche de l’AFP de Manille, auraient voulu que soit incluse dans le communiqué la nécessité de « mettre fin à la militarisation et à la poldérisation » des atolls, mais le texte mentionne simplement que les pays de l’Asean « prennent bonne note des préoccupations exprimées par certains dirigeants sur de récentes évolutions dans la région ».