Emmanuel Macron, le candidat d’En marche ! à la présidentielle, lors d’un meeting à Arras (Pas-de-Calais), le 27 avril. | ERIC FEFERBERG / AFP

Un an après les affrontements autour de la loi El Khomri, la loi travail s’invite dans le débat politique du second tour de l’élection présidentielle. Fort de sa quatrième place au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a tenté de peser dans le débat, en appelant dimanche 30 avril Emmanuel Macron à faire un « geste » en direction de ses partisans, les « insoumis, lui suggérant de « retirer son idée de réforme du code du travail ».

Le candidat d’En marche ! a répondu lundi au candidat de La France insoumise : il ne transigera pas sur l’un des points clés de son programme.

  • Que réclame Jean-Luc Mélenchon ?

Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé de dire s’il voterait blanc ou en faveur du candidat d’En marche !, a interpellé direction M. Macron :

« Il pourrait dire : “Ecoutez, je vous ai compris, je retire mon idée de réforme du code du travail (…) pour que vous puissiez faire un mouvement vers moi” », a estimé M. Mélenchon, en référence à la volonté de M. Macron de réformer à nouveau le code du travail, par ordonnances, à l’été.

  • Quelle est la position de Jean-Luc Mélenchon sur la loi travail ?

L’abrogation de la loi El Khomri, définitivement adoptée à l’été 2016 après cinq mois de contestation sociale, était un élément central du programme de Jean-Luc Mélenchon. Dans leur programme, L’avenir en commun, les Insoumis s’opposent farouchement à la loi travail, particulièrement à la mesure relative à l’inversion de la « hiérarchie des normes sociales », qui revient à donner la primauté à un accord d’entreprise :

« Désormais, un accord d’entreprise peut s’imposer même si un accord de branche ou la loi sont plus favorables aux salariés. Cela devra être supprimé. C’est la porte ouverte au dumping à l’intérieur d’une même branche entre entreprises et à la régression de tous les droits des salariés. L’accord d’entreprise ne doit primer que s’il est plus favorable aux salariés. Il en va de l’égalité des salariés et de la justice entre les entreprises. Nous rétablirons la hiérarchie des normes sociales et le principe de faveur. »
  • Que répond Emmanuel Macron ?

A six jours du premier tour de l’élection présidentielle, lors de son dernier grand meeting d’entre-deux-tours à la Villette, à Paris, lundi 1er mai, le candidat d’En marche ! a opposé une fin de non-recevoir à M. Mélenchon.

« La cohérence que nous portons depuis le début est celle d’un changement cohérent. Et je n’en perdrai pas le fil, c’est pour cela que j’ai entendu ces derniers jours les appels à modifier mon programme, à dire “faites une concession, rassemblez et changez le projet sur le travail”. Je ne le ferai pas (…). Les Françaises et les Français se sont exprimés et ont choisi le projet qui porte sur ces réformes, je ne vais pas les trahir en les reniant. Je veux demain pouvoir agir, être efficace. Donc ces réformes, nous les avons conçues, portées, nous les ferons. »

« Je respecte Jean-Luc Mélenchon, je respecte ses électeurs, mais je n’irai pas les chercher en changeant le programme que je porte », a insisté l’ancien ministre de l’économie lundi soir, au journal télévisé de TF1.

S’il a opposé un refus à cette demande, M. Macron s’est en revanche engagé à recevoir « toutes » les organisations syndicales et patronales et à se concerter avec elles, s’il est élu.

  • Quel est le projet d’Emmanuel Macron concernant le code du travail ?

En 2016, Emmanuel Macron affirmait aux Echos qu’il faudrait aller « plus loin que la loi travail ». « Dès l’été », il présentera, s’il est élu, « un projet de loi d’habilitation pour simplifier le droit du travail et décentraliser la négociation », a-t-il fait savoir, le 9 avril, dans Le Journal du dimanche, précisant que cette mesure serait prise « par ordonnances, pour procéder de manière rapide et efficace ».

Emmanuel Macron veut alléger plusieurs réglementations pour les entreprises. « Il s’agit de donner plus de place à l’accord majoritaire d’entreprise ou de branche, d’une part, d’encadrer les décisions des prud’hommes d’autre part », avait-il résumé.

Sans revenir sur la durée légale du temps de travail, il est pour une possible négociation du temps de travail par le biais d’accords dans les entreprises, qu’il compte faire primer sur les accords de branche.

Dans la droite ligne de l’actuelle loi travail, il souhaite également que les entreprises puissent négocier les taux de majoration des heures supplémentaires. M. Macron propose par ailleurs d’« élargir la possibilité de déroger aux accords d’entreprises sur d’autres thèmes comme les salaires de branche ou les conditions de travail ».

Concernant les prud’hommes, l’actuelle loi travail prévoit un barème indicatif du montant des indemnités, que les juges peuvent choisir de suivre ou non. Emmanuel Macron souhaite instaurer un plafond d’indemnités accordées par les prud’hommes en cas de licenciement abusif.

Présidentielle 2017 : Macron, Fillon, Mélenchon... pourquoi mettent-ils tous en avant le mot « travail » ?
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