Le problème se pose dans toute la France, mais à Marseille, où 480 bureaux de vote seront ouverts dimanche 7 mai, il semble plus aigu. L’élimination au premier tour de la présidentielle des candidats des grands partis traditionnels – Les Républicains, Parti socialiste mais aussi Parti communiste – prive la ville de l’armée des militants locaux qui gèrent habituellement les opérations de vote.

Pour assurer le déroulement du second tour dimanche, la municipalité marseillaise, chargée de l’organisation du scrutin, a lancé vendredi 28 avril, un appel à volontaires auprès de ses fonctionnaires. Chaque bureau nécessite la présence d’un président et de deux assesseurs. La commune estime qu’il lui faut trouver une centaine de présidents et près de trois cents assesseurs pour permettre aux opérations de se tenir dans les conditions légales. « Pour l’instant, précise l’équipe municipale, nous ne savons pas combien de fonctionnaires seront effectivement nécessaires car les équipes des candidats ne fourniront leurs listes d’assesseurs disponibles que jeudi 4 mai. »

Appel « habituel »

Dans l’entourage du sénateur et maire Jean-Claude Gaudin (LR), on redoute un incident comme celui vécu le soir du premier tour, lorsqu’un président novice, fonctionnaire réquisitionné, a oublié de rapporter les procès-verbaux de son site au bureau centralisateur. La publication des résultats définitifs de la ville, et donc du département, en a été retardée de plusieurs heures.

« Cet appel aux volontaires est habituel », relativise encore la municipalité. Lors des derniers scrutins, les fonctionnaires représentaient déjà 30 % des personnes chargées du vote, soit près de 150 agents. Des volontaires tous indemnisés : 200 euros pour une journée de président, 160 euros pour une vacation d’assesseur.

Dans les états-majors locaux d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, la question de la présence dans les bureaux a animé l’entre-deux-tours. Au FN, on rappelle que « l’organisation du scrutin incombe à la mairie », mais on multiplie les appels téléphoniques pour rameuter des militants. « Nous espérons avoir des délégués dans 95 % des bureaux, pronostique Jean-François Luc, élu régional et responsable du 3e secteur de Marseille. Cela serait plus qu’au premier tour. » « Nos équipes font un point quotidien, confirme de son côté Corinne Versini, responsable départementale d’En marche ! Aujourd’hui, je dirais que nous couvrirons entre 60 % et 70 % des bureaux départementaux, mais je n’ai pas l’impression que le FN soit beaucoup plus présent que nous. » Dimanche 23 avril, En marche ! aurait déployé « près de 1 000 assesseurs pour les 1 370 bureaux des Bouches-du-Rhône ».

Fin connaisseur des opérations de vote locales, le député PS Patrick Mennucci ne voit pas comment le FN et En marche ! pourraient réunir le nombre d’assesseurs nécessaires à une présence dans chaque bureau marseillais : « Ils ne les avaient pas pour le premier tour dans ma circonscription », assure-t-il. Sa section socialiste, qui ce jour-là a déployé une quarantaine de bénévoles dans les 18 bureaux du secteur, a fait une offre de services aux équipes d’Emmanuel Macron pour dimanche prochain. « Mais personne ne nous a véritablement sollicités, s’étonne le député socialiste. Peut-être pensent-ils que le risque de fraude est moins important pour une présidentielle que pour des élections locales. »