La file d’attente pour aller voter au collège Stanislas de Montréal (Canada), le 22 avril. | DARIO AYALA / REUTERS

« On m’a volé mon droit de vote », clame Marie-Laure Roubenne. Cette Française vivant en banlieue de Montréal a renoncé à participer au premier tour de l’élection présidentielle le 22 avril au vu de la file de deux kilomètres qui s’étendait dans les rues adjacentes au seul site prévu pour le vote à Montréal. « Impensable d’attendre avec mon fils de deux ans », ajoute-t-elle. Et il n’est pas sûr qu’elle se déplace pour le second tour, organisé samedi comme partout en dehors de la France métropolitaine, étant donné le peu de moyens supplémentaires mis en place pour améliorer l’organisation du scrutin. Malgré une pétition qui a recueilli plus de 5 000 signatures d’électeurs mécontents, les mesures annoncées le 2 mai par la consule générale de France à Montréal, Catherine Feuillet, risquent fort d’être insuffisantes pour réduire l’attente vécue pour le 1er tour.

Sur 57 429 inscrits sur la liste électorale à Montréal, 22 234 ont voté le 22 avril mais nombreux ont été ceux qui n’ont pas pu ou voulu attendre plusieurs heures dans la rue, par un temps froid, avant de pouvoir atteindre l’isoloir. De sérieux efforts avaient pourtant été faits par les autorités consulaires. Tous les électeurs arrivés avant 20 heures ont ainsi pu voter, les opérations électorales s’étant poursuivies jusqu’à 22 h 30.

Election présidentielle 2017 : à Montréal, des centaines de mètres de file d’attente pour voter
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Mme Feuillet salue à cet égard « la belle mobilisation de la communauté française » de Montréal au premier tour et espère qu’il en sera de même au second. Le consulat général promet une « organisation optimisée » mais a renoncé à ouvrir un deuxième site de vote pour le 6 mai, comme beaucoup d’électeurs le réclamaient. Elle estime le délai trop court pour régler les problèmes logistiques et de sécurité que cela posait. « Tout sera mis en œuvre, affirme-t-elle cependant, pour éviter la formation d’une file d’attente dans les rues et faciliter l’accès aux 24 bureaux ouverts au collège Stanislas de Montréal ».

Des dizaines de bénévoles

Le consulat a fait appel à des experts en matière de gestion des flux pour améliorer la situation le 6 mai. Le contrôle des pièces d’identité nécessaires pour le vote sera effectué dans la rue, avant l’entrée dans la cour d’école, ce qui n’était pas le cas au premier tour, afin d’accélérer l’accès aux bureaux de vote. Trois entrées au site sont prévues, contre une pour le premier tour. Une file prioritaire sera réservée aux personnes âgées ou à mobilité réduite et une autre pour les parents d’enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. L’affichage sera simplifié, des dizaines de bénévoles seront appelés en renfort pour guider les électeurs et le personnel affecté aux bureaux de vote sera augmenté.

Yan Chantrel, candidat aux législatives de 2017 dans la 1ère circonscription des Français de l’étranger, déplore malgré tout l’absence d’un deuxième site de vote et réclame qu’à l’avenir « plusieurs soient mis en place pour les villes recensant plus de 25 000 inscrits sur la liste électorale ». Avec une population d’origine française en forte croissance à Montréal et près de 10 000 jeunes français étudiant au Québec chaque année, la demande ne semble pas exagérée.