Des soldats maliens se dirigent à bord de camions vers un lieu de manoeuvres, le 27 février 2017 à Kidira, dans l’ouest du Mali, à la frontière burkinabée. | THOMAS COEX/AFP

Neuf soldats maliens ont été tués et cinq autres blessés, mardi 2 mai, dans une attaque dans la région de Ségou, dans le centre du Mali, a annoncé le gouvernement malien. « Une mission de ravitaillement des forces armées nationales est tombée dans une embuscade entre Dogofri et Nampala. Le bilan provisoire est de neuf morts et cinq blessés », a affirmé Abdel Karim Konaté, le ministre du commerce et porte-parole du gouvernement, dans un communiqué diffusé mardi soir. Il a condamné un « acte lâche et barbare » et rappelé « que son engagement, ainsi que celui de ses partenaires, est de poursuivre sans relâche la lutte implacable contre le terrorisme et le narcotrafic » au Mali.

Auparavant, une source militaire malienne jointe sur le terrain par l’AFP avait parlé de huit militaires tués et quatre blessés dans cette attaque « menée par des terroristes ». Une source de sécurité malienne avait de son côté parlé de huit morts et d’un nombre indéterminé de blessés parmi les soldats maliens, précisant que l’assaut avait été précédé d’une embuscade. « Un véhicule de tête de l’armée malienne a sauté sur une mine et les terroristes ont ensuite immédiatement ouvert le feu », avait-elle expliqué.

Des habitants de Niono, au sud de Nampala, ont indiqué à l’AFP avoir vu passer dans leur ville des renforts en direction de la zone. Ville garnison proche de la frontière mauritanienne, Nampala a été visée par plusieurs attaques djihadistes, l’une des plus meurtrières étant celle qui, le 19 juillet 2016, a fait 17 morts, 37 blessés et six disparus parmi les soldats, selon un bilan officiel. Le sort des disparus reste à ce jour inconnu.

Une vingtaine de djihadistes tués ou capturés

L’attaque de mardi survient après l’annonce par l’armée française d’une opération menée par sa force « Barkhane » au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du Nord malien. « Barkhane » a déclaré avoir tué ou capturé une vingtaine de djihadistes lors de cette opération, qui s’est déroulée samedi et dimanche dans la forêt de Foulsaré, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. L’opération « n’est pas terminée », a affirmé mardi à Ouagadougou le commandant de la force « Barkhane », le général François-Xavier de Woillemont.

La forêt de Foulsaré est considérée, selon des experts, comme un refuge de groupes terroristes armés. Par ailleurs, d’après des sources de sécurité maliennes et étrangères, les djihadistes ont renforcé leur présence dans une autre forêt, celle de Wagadou, dans l’ouest du Mali, près de la frontière avec la Mauritanie. En 2011 et 2012, la Mauritanie avait mené des frappes aériennes contre la forêt de Wagadou en raison de la présence dans cette zone de bases d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qualifiant ses opérations de « préventives ».

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, à la faveur d’une rébellion touareg qu’ils avaient fini par évincer. Les djihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Et les attaques, longtemps concentrées dans le Nord, se sont étendues depuis 2015 au centre puis au sud.

Un affrontement entre milices fait quatre morts

Le nord du Mali est également le théâtre de violences entre groupes armés rivaux, soit entre pro-gouvernementaux ou ex-rebelles, soit au sein d’un même camp. Mardi, cinq personnes ont été tuées à Banguel, près de Gourma Rharous (nord-ouest), dans un affrontement entre des combattants du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental) et du Ganda Koy, une milice se présentant comme proche de l’ex-rébellion, ont indiqué à l’AFP des sources au sein des deux groupes.

Chaque camp a accusé l’autre d’avoir déclenché les hostilités, une source de sécurité étrangère dans la région évoquant « un règlement de comptes ». L’un des responsables du Ganda Koy, Ali Touré, a parlé d’une « vengeance personnelle » de membres du Gatia. Un responsable du Gatia a assuré anonymement que son groupe a répondu à « une provocation » de membres du Ganda Koy. Les deux sources ont fourni le même bilan : quatre morts au sein du Ganda Koy, un au sein du Gatia.