Gilles Clavreul, chargé de la lutte antiraciste au gouvernement, va quitter ses fonctions, et sera remplacé par Frédéric Potier au poste de délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), selon le compte rendu du conseil des ministres de mercredi 3 mai.

M. Potier avait auparavant été directeur de cabinet de la région Centre puis, entre 2012 et 2014, conseiller de Claude Bartolone à la présidence de l’Assemblée nationale pour les affaires constitutionnelles et l’outre-mer.

Enarque de 37 ans, également spécialiste du scrutin électoral, M. Potier a corédigé en 2012 un ouvrage sur L’Election présidentielle en France, et a contribué à réactualiser le code électoral 2017.

Nommé mercredi en conseil des ministres, M. Potier succédera à partir du 15 mai à Gilles Clavreul, ardent défenseur de la laïcité et des principes républicains, dont les prises de position tranchées sur les réseaux sociaux avaient, dans le sillage de l’attentat à Charlie Hebdo, alimenté le débat de façon récurrente, notamment parmi les nouveaux acteurs de l’antiracisme.

« Deux poids deux mesures »

L’an dernier ainsi, ce proche de Manuel Valls et cofondateur avec Laurent Bouvet du Printemps républicain (mouvement tenant d’une ligne ferme en matière de laïcité) s’en était vivement pris à des collectifs antiracistes proches de l’islamologue controversé Tariq Ramadan, s’attirant les foudres d’une partie de la communauté musulmane en ligne qui l’accusait de pratiquer le « deux poids deux mesures » à ses dépens.

« J’avais exprimé auprès du premier ministre le souhait de quitter mes fonctions, où je me suis beaucoup investi et que j’ai beaucoup aimées », a déclaré M. Clavreul, qui se consacrera à des projets personnels et notamment d’écriture dans le sillage de son expérience à la tête de la Dilcrah.

« Des combats ont été engagés sur le terrain des idées qui devront être poursuivis, sans quoi la tenaille identitaire se refermera toujours davantage. Entre la fragmentation et la tentation autoritaire, il n’y a pas à choisir », a écrit M. Clavreul sur sa page Facebook, soulignant :

« C’est pourtant l’alternative qui nous menace si nous perdons le sens de ce que nous sommes et de ce que nous voulons défendre. »

La « baisse continue » des actes racistes et antisémites en 2014 et au début de 2015 est « un soulagement », « une preuve de la résistance de la société française » et « un gage d’espoir dans la solidité de ses valeurs les plus fondamentales », a-t-il ajouté dans ce message posté à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle.

M. Clavreul avait été nommé en novembre 2014 à la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra), instance créée en 2012 et dont le champ d’intervention avait été élargi en décembre dernier à la lutte contre la haine anti-LGBT sous le nom de Dilcrah.