Conférence de presse commune de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Pierre Laurent (PCF), le 24 février. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Ils se sont de nouveau quittés sur un désaccord. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste s’étaient donné, mardi 2 mai, une nouvelle chance de trouver un accord pour les législatives. Las. Les discussions, qui se sont déroulées au siège du PCF, place du Colonel Fabien à Paris, se sont soldées par un échec.

Pour l’heure, les premiers ont déjà investi presque la totalité de leurs candidats qui se trouveront en concurrence avec les seconds, y compris dans les circonscriptions des sortants communistes. Le sujet empoisonne leurs relations depuis des mois. En cause notamment : une « charte des insoumis » qui impose un cadre commun (visuel et programmatique), une association de financement unique et la discipline de vote pour les députés. Mais le PCF n’en veut pas.

Le score historique de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (19,6 % des voix) peut leur laisser espérer de nouvelles conquêtes aux législatives. Le candidat de La France insoumise est en effet arrivé en tête dans 67 circonscriptions. Mais désunis, les chances de remporter la mise sont faibles, d’autant qu’ils vont devoir affronter, outre la droite et le FN, des socialistes, des écologistes et des candidats d’En marche !. Les négociations semblaient progresser vers des accords de désistements réciproques mais le dialogue paraît plus compliqué que jamais entre ces deux forces qui ont pourtant soutenu le même candidat à la présidentielle.

Une « bannière commune »

Mardi, avant la rencontre, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a proposé dans une tribune publiée sur Mediapart une « bannière commune »« la force du peuple à l’Assemblée nationale » –, qui pourrait « rassembler toutes les forces dont nous avons besoin pour gagner, qu’elles soient ou non dans La France insoumise ». « Les premières propositions discutées vendredi entre nos forces politiques envisagent un accord limité à un petit nombre de circonscriptions, écrivait-il. Ce n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne dessine aucune ambition véritable. Il faut un accord large et national qui permette de gagner. »

Un texte que Manuel Bompard, directeur de campagne de M. Mélenchon, en première ligne pour les négociations pour les législatives, assure avoir découvert « par la presse ». « Ce ne sont pas spécialement des méthodes de discussion », déplore-t-il. Sur le fond aussi, il se dit surpris. « Quand on a fait la proposition d’un accord national, les communistes n’étaient pas d’accord, affirme-t-il. Mais ce qu’ils proposent n’est pas un accord national, c’est un partage du territoire : 50 % pour eux avec leur programme et leurs candidats et 50 % pour nous. Ce n’est pas sérieux : les électeurs qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon ne l’ont pas fait que sur son nom mais aussi sur un programme. »

D’où, pour lui, « l’impression de se faire mener en bateau ». « Soit on travaille à un accord national avec un même programme et une même identification graphique, soit on travaille à un accord de désistement réciproque », ajoute-t-il. Selon les sources, le nombre de circonscriptions concernées varie entre 15 et 30. « On n’a plus de temps à perdre », prévient M. Bompard, tandis que les deux parties se sont quittées sans convenir d’un nouveau rendez-vous.

Consternation

Réponse de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, qui participait à la réunion : « Un accord national est possible et souhaitable mais il doit respecter toutes les forces. » Mercredi, le PCF a réuni ses cadres départementaux pour voir comment avancer. « On va leur faire la proposition d’une nouvelle rencontre jeudi matin, indique M. Laurent au Monde. On va continuer à plaider pour une bannière commune en tentant de lever les obstacles. Si ces derniers persistent, on verra comment on entre dans d’autres propositions plus limitées. » Il prévient cependant que dans ce cas, « ça ne peut pas être La France insoumise qui fait la liste des circonscriptions où on se retire ».

Dans les rangs du PCF, c’est la consternation qui règne. « Je ne comprends pas comment ils peuvent dire d’un côté qu’ils veulent une majorité à l’Assemblée nationale avec un Mélenchon premier ministre et de l’autre réaliser ça en partant désunis », se désole Marie-Pierre Vieu, une dirigeante du parti.