Marine Le Pen, le 1er mai 2017. | JOEL SAGET / AFP

Si elle était élue lors du second tour de la présidentielle, le 7 mai, à la présidence de la République, Marine Le Pen lancerait dans la foulée la mise en œuvre de son programme. Le Monde a décrypté les premières dispositions que prendrait la candidate du Front national une fois à l’Elysée.

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  • Renégocier avec Bruxelles pour le retour des quatre souverainetés

La candidate du Front national promet, dans son programme, d’engager une négociation avec Bruxelle dès le lendemain de son arrivée à l’Elysée, destinée à obtenir la sortie de l’eurozone, à s’affranchir de l’application des directives européennes, à recréer des frontières et à mener une politique économique de préférence nationale.

Marine Le Pen proposerait ensuite un référendum aux Français afin de savoir s’ils veulent rester ou non dans l’Union européenne, en fonction des résultats de la négociation. Quel que soit le calendrier retenu, une négociation sur le retour aux « quatre souverainetés » conduirait néanmoins à un « Frexit », une sortie de la France de l’UE, si Marine Le Pen présidente tente effectivement de mettre ses promesses à exécution.

  • Un moratoire sur l’immigration légale

Cette mesure ne figurait pas sur la liste initiale de ses 144 propositions et elle a d’abord vocation a frappé les esprits ; à montrer qu’il est possible de stopper les arrivées, fut-ce temporairement. Concrètement c’est surtout le regroupement familial qui se trouve dans le viseur.

Or, ce « regroupement familial » stricto sensu ne représente que 13,6 % des 88 010 visas fa­miliaux délivrés en 2016. Il concerne bon an mal an quelque 12 000 conjoints ou enfants mineurs rejoignant un immigré régulier – non Français – installé en France depuis plus de dix-huit mois, gagnant sa vie et bien logé

  • Remettre en cause Schengen et rétablir les contrôles aux frontières

Présentée par Marine Le Pen comme un remède à l’immigration clandestine et un outil dans la lutte contre le terrorisme, le rétablissement « immédiat » des contrôles aux frontières et la remise en cause de l’espace européen sans passeport de Schengen auraient des effets rapides et très nets pour les citoyens français et l’économie nationale.

Une étude publiée début 2016 par France Stratégie, organisme de réflexion et d’évaluation des politiques publiques, estimait entre 1 et 2 milliards d’euros le coût global direct de la mesure, en fonction de l’intensité des contrôles.

  • Expulser les fichés « S » étrangers

Alors que la menace sécuritaire demeure importante en France, et que la lutte contre le terrorisme est l’une des principales préoccupations des Français, cette formule choc a le mérite apparent de la simplicité. En pratique, la question est toutefois nettement plus compliquée puisque la plupart des fichés « S » sont de nationalité française et qu’il est donc impossible de les éloigner du territoire.

Pour les binationaux, Marine Le Pen annonce vouloir les déchoir de leur nationalité. Mais elle devrait pour cela procéder à une révision de la Constitution. Faute de pouvoir expulser les fichés « S », elle dit vouloir s’appuyer sur l’article 411-4 du code pénal. Un article qui permet de condamner à trente ans de détention criminelle et à 450 000 euros d’amende des individus accusés d’« intelligence avec l’ennemi » mais qui ne prévoit absolument pas la déchéance de nationalité…

  • Mettre en œuvre une réforme fiscale

Marine Le Pen promet de mettre en place immédiatement une réforme fiscale qui consiste à « baisser de 10 % l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches ». Jusqu’à 9 710 euros de revenu imposable, pas de changement, puisque cette tranche est imposée à 0 %. De 9 710 euros à 26 818 euros de revenu imposable, le taux d’imposition passe de 14 % à 12,6 %. Et de 26 818 euros à 71 898 euros, le taux d’imposition passe de 30 % à 27 %. Par conséquent, la mesure fiscale de Mme Le Pen, qui se présente comme la « candidate du peuple », n’aura, pour les foyers les plus modestes, aucune incidence.

Le plus frappant dans cette mesure phare de la candidate d’extrême droite, qui se revendique « antisystème », est qu’elle s’inscrit dans la continuité de ce qui a été mis en œuvre par les précédents gouvernements, particulièrement durant le dernier quinquennat.