Le décret de Donald Trump reviendrait sur une loi datant de 1954. | NICHOLAS KAMM / AFP

Des membres de l’administration Trump ont annoncé mercredi 3 mai que le président américain pourrait signer dès jeudi un décret remettant en cause une loi de 1954 sur la capacité des établissements religieux à participer à des campagnes politiques. Les détails restent à finaliser.

Le décret interviendrait alors que jeudi est la journée nationale de la prière aux Etats-Unis. Donald Trump doit recevoir des leaders religieux à la Maison Blanche à cette occasion.

Aux Etats-Unis, les Eglises sont exonérées de l’impôt. Mais ce statut peut leur être retiré en cas d’activité politique. « L’amendement Johnson » (du nom de l’ancien président Lyndon Johnson, sénateur au moment du vote) est pourtant peu appliqué. Selon le New York Times, un seul cas a été recensé, une Eglise de l’Etat de New York dans les années 1990. Mais l’IRS, le service des impôts américains, n’a pas l’obligation de publier ses enquêtes.

Une demande des chrétiens conservateurs

« Je me débarrasserai et détruirai totalement l’amendement Johnson », avait prévenu Donald Trump en février, ajoutant qu’il autoriserait les « représentants religieux à parler librement et sans peur de sanction ».

Donald Trump répondrait ainsi à une demande récurrente des chrétiens conservateurs, dont une grande partie a voté pour lui. Beaucoup d’entre eux estiment que l’amendement constitue une atteinte à leur liberté d’expression.

La loi n’empêche pourtant pas les établissements religieux d’aborder les questions politiques ou sociales. Le New York Times signale d’ailleurs que de nombreux membres du clergé ne souhaitent pas prendre parti pour un candidat officiellement par peur de diviser leur congrégation ou de faire de l’ombre à leur message religieux.

« Un permis de discriminer »

Il faudrait un vote du Congrès pour changer le texte mais un décret permettrait à M. Trump de fixer des consignes à l’IRS pour ne pas appliquer l’interdiction. Selon des experts constitutionnels cités par le quotidien américain, le premier jet du texte surprend par l’ampleur du statut « religieux » octroyé à des Eglises mais aussi à des écoles, en passant par des organismes de charité ou des cliniques.

Les groupes de défense des libertés civiles et sexuelles redoutent que le décret ne comprenne des dispositions autorisant des agences du gouvernement ou des sociétés privées à refuser de servir les personnes homosexuelles au nom de la liberté de culte. Une situation qui pourrait créer un « permis de discriminer sans précédent ».

« La liberté de religion ne donne pas le droit d’imposer ses croyances aux autres, de les blesser ou de discriminer », alerte dans les colonnes du New York Times Sara Warbelow, membre de l’ONG Human Rights Campaign.