Meyer Habib, lors d’un meeting en soutien à François Fillon, le 20 avril à Tel-Aviv. | JACK GUEZ / AFP

Un député français considère que les colonies israéliennes n’existent pas. Ce député qualifie de « pure chimère » la recherche de la solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens sur la base des frontières de 1967, qui fait pourtant l’objet d’un consensus international.

Meyer Habib, élu (UDI) de la 8e circonscription des Français de l’étranger, connu pour ses positions proches de celles de la droite israélienne, a adressé un courrier outragé au ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Transmise en copie à François Hollande et Emmanuel Macron, cette missive, datée du 3 mai, a été rendue publique par le député sur son compte Twitter, juste avant l’annonce de sa candidature aux prochaines législatives, faite jeudi.

Meyer Habib interpelle le Quai d’Orsay au sujet de l’envoi des brochures électorales aux Français vivant en Cisjordanie et à Jérusalem. Le député s’élève contre la mention sur l’enveloppe des « territoires palestiniens » comme adresse. Ce choix serait à ses yeux une « provocation, ayant pour effet d’humilier les Français d’Israël ». Il témoignerait d’un « biais antisioniste d’une partie de nos diplomates », assure le député, qui aurait préféré l’usage d’une « expression neutre comme Jérusalem ».

Meyer Habib semble ainsi jouer sur une confusion entre Jérusalem, où les électeurs français reçoivent bien une enveloppe avec la mention de la ville, et la Cisjordanie, où vivent quelque 6 000 colons ayant la nationalité française. Ces derniers, comme ce fut toujours le cas dans le passé, sont destinataires d’un courrier avec l’expression « territoires palestiniens ». Les uns comme les autres relèvent du consulat général à Jérusalem, avec lequel Meyer Habib entretient des relations tendues.

« Changer de logiciel »

« Posture », « falsification », « farce », « discrédit » : peu avare en critiques contre le Quai, Meyer Habib rappelle longuement ses positions sur le conflit. Il considère Jérusalem comme la capitale indivisible de l’Etat d’Israël, alors que son statut final doit être tranché dans le cadre de négociations de paix entre les deux parties. « Il est grand temps de changer de logiciel, écrit Meyer Habib. C’est une erreur d’analyse de se focaliser sur les frontières, d’être aveuglé par la question des territoires ou de prétendues colonies»

Le 17 janvier, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, le député avait dénoncé la conférence internationale organisée à Paris, quelques jours plus tôt, visant à relancer la mobilisation autour du conflit israélo-palestinien. A cette occasion, il avait lancé : « Jamais un juif ne sera un colon à Jérusalem, jamais un juif ne sera un colon en Judée ! Jamais ! » La « Judée-Samarie » est l’appellation biblique de la Cisjordanie, qu’affectionne la droite religieuse israélienne. En mai 2013, dans une vidéo diffusée sur Youtube destinée à présenter sa famille aux électeurs, il qualifiait Israël d’« Etat le plus moral et le plus humaniste au monde ».

Franco-israélien, Meyer Habib est connu pour sa proximité avec Benyamin Nétanyahou, dont il ne manque jamais de se targuer en public ou en privé. Le site Mediapart et le quotidien israélien Haaretz avaient mis au jour, en juin 2016, les liens qui existent entre le premier ministre israélien, le député et Arnaud Mimran. Ce dernier a été condamné à huit ans de prison en juin 2016 dans la gigantesque escroquerie à la taxe carbone, pour un montant de 283 millions d’euros. La chaîne israélienne Channel 10 avait publié également un document provenant du bureau du premier ministre qui semblait indiquer que le député français avait payé plusieurs séjours à l’étranger de la famille Nétanyahou, à l’époque où ce dernier était en retrait de la vie politique (1999-2001). M. Habib avait rejeté ces allégations.