L’opposant russe Alexeï Navalny, après son agression, le 27 avril. | Evgeny Feldman / AP

Comme à son habitude, Alexeï Navalny a d’abord tenté de retourner la situation à son avantage. Le 27 avril, après avoir été aspergé de Zelenka, une solution antiseptique de couleur verte, l’opposant à Vladimir Poutine a commencé par exhiber son visage maculé sur les réseaux sociaux, ironisant sur « Shrek 2 : maintenant borgne », en référence à la douleur à l’œil que lui a causée cette nouvelle attaque, après un épisode similaire au mois de mars.

Quelques jours plus tard, il s’avère que cette nouvelle attaque pourrait avoir des conséquences plus sérieuses. Après avoir évoqué ce week-end des brûlures, le militant anticorruption a publié, mardi 2 mai, une note de blog dans laquelle il assure avoir perdu 80 % de vision de son œil droit. Selon M. Navalny, son médecin suspecte que l’antiseptique – un produit en théorie inoffensif – a pu être mélangé avec une autre substance plus dangereuse.

Condamnation confirmée

Rapidement, ses partisans, qui ne font guère confiance à la police pour une telle tâche, se sont mis à la recherche de l’assaillant, utilisant les caméras de surveillance du lieu de l’agression, à Moscou. Il s’agirait d’Alexandre Petrunko, un militant du mouvement ultranationaliste pro-Kremlin SERB. Plusieurs médias ukrainiens ont identifié ce citoyen russe comme l’un des meneurs des manifestations prorusses du printemps 2014 à Kharkiv, lors de la tentative de prise de contrôle de cette ville de l’Est ukrainien.

Dans ce climat délétère, un tribunal de la ville de Kirov a confirmé, mercredi, la condamnation de l’opposant à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds dans l’affaire dite « Kirovles ». Selon une responsable de la Commission électorale citée par l’agence de presse TASS, cette condamnation prive Alexeï Navalny du droit de se présenter à l’élection présidentielle du printemps 2018, pour laquelle il fait déjà campagne.

Son équipe de campagne a contesté cette interprétation, l’une de ses avocates invoquant une disposition de la Constitution russe qui prévoit qu’un candidat n’est empêché de concourir que s’il est détenu au moment de l’élection. Son numéro deux, Leonid Volkov, l’assure plus directement encore : borgne ou pas, Alexeï Navalny ira à la présidentielle. La défense de l’opposant compte également contester la décision du tribunal de Kirov et se tourner de nouveau vers la Cour européenne des droits de l’homme, laquelle lui a déjà donné raison à deux reprises en 2015 et 2016.

– Intérim