Présidentielle 2017 : le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen résumé en 5 minutes
Durée : 05:07

« Clash », « vicieux », « échanges d’insultes », « pugilat », « goût amer », « duel à couteaux tirés », le choix des mots de la presse internationale ressemble beaucoup à celui des médias français au lendemain du débat télévisé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron jeudi 4 mai.

Pour le New York Times, le face à face a plus eu l’air d’une « empoignade dans le style de la télévision américaine qu’une discussion raisonnée telle que les Français en ont pris l’habitude. »

« C’était un cas de violent combat verbal : les deux ont été agressifs, se coupant la parole, remuant les poings, pointant du doigt, laissant les modérateurs perplexes et impuissants », poursuit le quotidien qui y voit « la démonstration frappante de deux visions radicalement différentes de la France ».

Le Washington Post, l’autre grand titre de la côte est des Etats-Unis, insiste lui aussi sur le fait que ce type de débat est « d’ordinaire d’habitude sobre et mesuré » mais que celui-ci a été « une rixe à l’américaine »« les insultes ont volé ».

Pour le Washington Post, le débat présidentiel « d’ordinaire sobre et mesuré » a viré à une « rixe à l’américaine » où « les insultes ont volé ». | POOL / REUTERS

« Sourire suffisant » et « ton professoral »

Sur le site Politico, on peut lire que les deux candidats « se sont affrontés pendant plus de deux heures dans un débat tendu qui a mis en évidence leur désaccord sur tout, de l’école à l’Union européenne ».

Le site référence sur la vie politique américaine décrit une Marine Le Pen au « sourire suffisant » face à un Emmanuel Macron adoptant « à l’occasion un ton professoral ». Politico considère que le candidat d’En marche ! l’a « emporté aux points, apparaissant plus précis » mais qu’aucun des deux n’aura su convaincre les indécis.

Au Royaume-Uni, The Guardian évoque un échange « d’insultes personnelles et venimeuses » au cours d’un débat « éprouvant, plus riche en insultes qu’en détails sur leurs politiques ».

Le correspondant de la BBC à Paris n’hésite pas à lancer de son côté qu’il a assisté « à un grand débat, de ceux dont les gens se souviennent », un duel entre « l’agression de la démagogue » et la « rationalité cartésienne du technocrate brillant ». Pour lui, ce face à face « entre la nation et le monde » va « bien au-delà des frontières de la France, c’est pour cela que cette confrontation explosive restera dans les annales ».

« Dialogue de sourds »

El Pais estime qu’« on a rarement vu un combat dialectique d’une telle intensité dans un débat électoral ». Le quotidien espagnol, qui avait fait part de son enthousiasme concernant Emmanuel Macron après le premier tour, annonce qu’il a consolidé son statut de favori au terme de la soirée. El Pais a vu un face à face « asymétrique », « l’escrime contre la lucha libre », « le fleuret contre le marteau », « les arguments et l’émotion ».

« Le Pen a proposé un style de voyou, plus proche de celui de son père – ou du candidat Donald Trump à l’automne dernier aux Etats-Unis- que de celui d’une leader aspirant à gagner la confiance de tout un pays », peut-on lire dans les colonnes du journal espagnol.

L’analyse diffère nettement dans Le Temps qui parle d’un « débat au goût très amer », en partie parce que « la candidate d’extrême droite, en le harcelant, n’a jamais été ébranlée malgré ses contre-vérités ». Ce « dialogue de sourds » n’a pas permis à M. Macron « d’imposer son discours pédagogique », commente le journal suisse. L’erreur de l’ancien ministre de l’économie, « piégé par ses formules de technocrates » : « Laisser au nom de la courtoisie la candidate du Front national dicter le rythme du débat. »

Conclusion du quotidien : le face à face pourrait « creuser la pente déjà glissante qu’une partie de l’électorat de droite pourrait décider d’emprunter le 7 mai. Soit en s’abstenant. Soit en votant Le Pen au nom de la France des valeurs. »

Le Soir évoque quant à lui un débat qui « a viré au pugilat ». Le quotidien belge fait la comparaison avec celui de 2012 entre Nicolas Sarkozy et François Hollande jugé plus « courtois », et ironise sur le « calvaire pour les deux journalistes chargés d’arbitrer le combat ».

Die Welt retient logiquement les références « anti-allemandes » faites par Marine Le Pen, concluant comme tant d’autres titres de la presse mondiale que l’opposition entre les deux candidats a moins à voir avec la politique qu’avec une vision du monde.