« Faut la tuer ! » Plusieurs cadres du Front national ont relayé, vendredi 5 mai dans l’après-midi, un SMS menaçant attribué à des militants d’En marche ! qui appellerait à « siffler », « huer » et même « bousculer » Marine Le Pen. Il s’agit en réalité d’un faux grossier, signe d’une fin de campagne agitée. Explications.

CE QUE DIT LA RUMEUR

Quelques heures après la visite chahutée de Marine Le Pen, à Reims (Marne), un SMS menaçant a été diffusé par plusieurs cadres du FN sur Twitter. Ce message, attribué à Reims En marche !, aurait été envoyé à 9 h 32. Il a notamment été publié par David Rachline (directeur de campagne de Marine Le Pen) et Florian Philippot (vice-président du parti), le premier appelant à dissoudre le mouvement d’Emmanuel Macron :

Twitter / David Rachline et Florian Philippot

POURQUOI C’EST FAUX

Ce message, qui a été au total partagé des milliers de fois sur Facebook et Twitter, pose question. La plus ancienne capture d’écran dont nous avons pu retrouver la trace a été publiée à 15 h 06 sur le compte Twitter de Kévin Pfeffer, membre de l’équipe de campagne de Marine Le Pen et conseiller régional FN dans la région Grand Est. Contacté pour savoir d’où il a tiré cette capture d’écran, l’intéressé n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Plusieurs éléments montrent pourtant qu’il s’agit d’un faux grossier. En effet, le format sous lequel s’affiche l’heure de publication du message n’est pas le bon, comme l’a relevé BuzzFeed. Voici à quoi ressemble le message diffusé par le FN, avec la lettre « H » en lettre capitale entre l’heure et les minutes :

Twitter.com / David Rachline

Voici maintenant le format normal de l’heure d’un message envoyé sous iOS, le système d’exploitation des iPhones, où on trouve le signe « : » entre l’heure et les minutes :

Les Décodeurs

L’apparence des chiffres des minutes sur le message renforce l’impression d’un photomontage, notamment à cause de l’espace entre le « 3 » et le « 2 » de « 32 ».

Agacé par les remarques d’internautes lui soulignant le caractère suspect du message qu’il avait partagé, David Rachline a publié par la suite sur Twitter une photo de personnes arborant des ballons aux couleurs d’En marche ! près de la cathédrale de Reims, écrivant : « Et ces photos ? Encore des photomontages ? » Reste que le message dont le Front national s’est indigné, notamment pour la mention « faut la tuer ! » renvoyant à Marine Le Pen, était faux.