Avec la globalisation et l’avènement du numérique, la maîtrise de l’information est un impératif. Tel est le rôle de l’intelligence économique, familièrement appelée « IE » : transformer cette information en avantage stratégique, en utilisant les techniques du renseignement « ouvert » (et donc légal), mais aussi les dispositifs de protection économique et les démarches d’influence.

C’est ce qu’expose l’ouvrage collectif réalisé sous la conduite d’Alice Guilhon, directrice générale de Skema Business School, et Nicolas Moinet, professeur à l’Institut d’administration des entreprises (IAE), à Poitiers. Au passage, les auteurs dressent un état des lieux de l’IE en France.

« L’Etat se désintéresse »

Sur ce point, le constat est ­mitigé. Longtemps en retard, la France a fini par prendre conscience de l’enjeu. Les grands groupes comme Total, L’Oréal, Decathlon ou Bolloré, sont désormais bien outillés. Les petites entreprises, en revanche, sont peu mobilisées. « Alors que l’Etat devrait donner l’impulsion, il semble se désintéresser du sujet, observe Alice Guilhon. L’intelligence économique n’est plus une préoccupation, alors que nous étions sur la bonne voie. Au lieu d’assumer une stratégie d’influence, la France recule et perd des parts de marché. » Pour ne prendre que cet exemple, les Français sont quasiment absents des comités internationaux où l’on discute des normes, si importantes dans l’économie d’aujourd’hui.

Dans ce contexte, l’IE peut être une bonne carte à jouer pour les étudiants de toutes disciplines. Depuis une vingtaine d’années, un gros travail a été accompli pour offrir des formations de haut niveau. On recense ainsi une douzaine de cursus, parmi lesquels un master à l’IAE de Poitiers, l’Ecole de guerre économique, à Paris, et des enseignements à Skema, à HEC, à l’université de Marne-la-Vallée…

Intelligence économique. S’informer, se protéger, influencer, sous la direction d’Alice Guilhon et Nicolas Moinet (Pearson, 2016, 320 p., 31 €).